Après avoir minimisé l’affaire des viols de Mazan, le maire de la commune présente ses excuses

Après avoir minimisé l’affaire des viols de Mazan, le maire de la commune présente ses excuses

Barbancourt le rhum des connaisseurs « Après tout, personne n’est mort. » Ces propos du maire de Mazan, sous le feu des projecteurs en raison du procès d’une cinquantaine d’hommes accusés de viols commis dans la commune du Vaucluse, ont suscité de vives critiques, notamment des mouvements féministes, qui dénoncent une culture du viol portée à son

Barbancourt

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« Après tout, personne n’est mort. » Ces propos du maire de Mazan, sous le feu des projecteurs en raison du procès d’une cinquantaine d’hommes accusés de viols commis dans la commune du Vaucluse, ont suscité de vives critiques, notamment des mouvements féministes, qui dénoncent une culture du viol portée à son paroxysme.

« On me reproche d’avoir minimisé la gravité des actes criminels abjects dont sont accusés les prévenus… je comprends que ces propos choquent et j’en suis sincèrement désolé », s’est excusé Louis Bonnet, maire divers droite de 74 ans, dans un communiqué publié jeudi 19 septembre sur Facebook, à la suite de son interview controversée sur la BBC.

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« C’est pourquoi je tiens à présenter mes excuses, notamment aux femmes blessées par la maladresse de certains mots prononcés sous la pression au micro d’un média étranger », a-t-il ajouté évoquant la « pression médiatique incessante » que sa commune de 6 000 habitants subit depuis l’ouverture du procès, au début de septembre.

Cinquante et un hommes sont jugés depuis le 2 septembre à Avignon, pour la plupart accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot, droguée par son mari, durant une période de dix ans au domicile du couple à Mazan. Même si seulement deux des cinquante coaccusés de Dominique Pelicot vivaient dans cette ville, la gêne est présente.

« Cette histoire épouvantable meurtrit profondément notre commune. Mais j’ai pleinement conscience que cette meurtrissure n’est en rien comparable aux souffrances endurées par Gisèle Pelicot et sa famille », a-t-il ajouté.

Le reportage du média public britannique portait sur Mazan, « déchirée par l’horreur » du procès. Un extrait de 11 secondes de l’interview du maire est devenu viral sur les réseaux sociaux, suscitant une pluie de commentaires indignés dans lequel il dit : « Ça aurait pu être plus grave, il n’y a pas eu d’enfant impliqué, pas de femme tuée. Ce sera difficile pour la famille, mais ils pourront se reconstruire. Après tout, personne n’est mort. »

Ce procès, symbole des violences faites aux femmes et de la soumission chimique, rencontre un fort écho international. D’autant que les débats ne sont pas à huis clos, Mme Pelicot ayant souhaité qu’ils soient publics afin que « la honte change de camp ».

Les vidéos seront projetées au cas par cas

La diffusion de photos et de vidéos mettant en cause les accusés du procès des viols de Mazan se fera toutefois « à la demande d’une ou plusieurs parties » et en l’absence du public et de la presse, a décidé vendredi le président de la cour.

« Les diffusions ne seront pas systématiques. S’il doit être envisagé la diffusion d’une ou plusieurs vidéos, cela se fera à la demande d’une ou plusieurs parties, dans le but unique de la manifestation de la vérité », a annoncé le magistrat, Roger Arata, qui préside le procès qui doit durer jusqu’en décembre. « Considérant que ces images sont indécentes et choquantes, cela se fera en présence des seules parties au procès et de la cour », a ajouté M. Arata, excluant en conséquence la présence du public et des journalistes.

Au lendemain de la diffusion à l’audience de photos et vidéos, sans public mais en présence de la presse, montrant Dominique Pelicot, le principal accusé, et Jacques C., l’un de ses 50 coaccusés, pratiquer des actes sexuels sur l’épouse du premier, Gisèle Pelicot, visiblement inconsciente, l’avocat général avait demandé vendredi que la diffusion des images soit systématique.

« Sans ces éléments de preuve, il n’y aurait pas ce procès », a d’abord rappelé le représentant du ministère public, Jean-François Mayer, à propos des milliers de photos et vidéos enregistrées et méticuleusement archivées par Dominique Pelicot et qui ont largement contribué au travail des enquêteurs.

« Mme Pelicot ne se souvient de rien. Et quand bien même elle se souviendrait de certaines choses, sa parole aurait été très largement discutée et contestée. Je souhaiterais donc que, pour l’ensemble des accusés, ces images soient regardées par votre cour, en tout cas les plus représentatives. »

Les parties civiles « souscrivent totalement » à cette demande, a rapporté l’un de leurs avocats, Stéphane Babonneau. Le conseil de Dominique Pelicot, MBéatrice Zavarro, a aussi marqué son accord. Mais une demi-douzaine d’avocats des autres accusés s’y sont fermement opposés. « La demande de l’avocat général n’est pas pour votre cour, elle est pour ceux qui, au-dehors, cherchent à s’abreuver du sang qui découle de cette justice », a notamment tonné Paul-Roger Gontard, avocat d’un des hommes jugés à Avignon, rappelant qu’il était possible « de faire autrement grâce aux descriptifs des vidéos faites par les enquêteurs ».

« Il faut savoir de quelle justice on rêve au XXIe siècle. Pas de celle qui se passe sur les réseaux sociaux, pas de celle qui a pour objet de fouetter le sang, au risque d’embrumer les esprits », a abondé son confrère Olivier Lantelme, qui défend un autre coaccusé.

Le Monde avec AFP

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