Au procès de l’assassinat de Samuel Paty, une mère de famille et son « problème avec le blasphème »

Au procès de l’assassinat de Samuel Paty, une mère de famille et son « problème avec le blasphème »

Un portrait de Samuel Paty à l’école du Bois-d’Aulne, lors d’une cérémonie en hommage au professeur d’histoire-géographie assassiné, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le 16 octobre 2023. BERTRAND GUAY / AFP Elle aime que les choses soient cadrées, Priscilla Mangel. La prière doit rythmer les journées, les femmes doivent porter le voile, les hommes avoir une pratique « rigoriste » de

Un portrait de Samuel Paty à l’école du Bois-d’Aulne, lors d’une cérémonie en hommage au professeur d’histoire-géographie assassiné, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le 16 octobre 2023.

Elle aime que les choses soient cadrées, Priscilla Mangel. La prière doit rythmer les journées, les femmes doivent porter le voile, les hommes avoir une pratique « rigoriste » de la religion, s’occuper de leur(s) épouse(s) et, si possible, « être jaloux ». C’est d’ailleurs en raison de « ces règles à suivre », dit-elle, de « ce cadre sécurisant », que cette fille de parents athées s’est convertie à l’islam à l’adolescence et a opté pour le port du voile dès l’âge de 16 ans.

« J’ai une pratique modérée : prières, ramadan, jeûnes, voile… Les bases, en fait. Mais je n’ai jamais eu d’idéologie. J’ai une croyance, une pratique, elle peut paraître rigoriste, mais je ne suis pas radicalisée », a assuré, mercredi 11 décembre, cette mère de famille de 36 ans qui encourt jusqu’à trente ans de réclusion pour association de malfaiteurs terroriste devant la cour d’assises spéciale de Paris dans le cadre du procès de l’assassinat de Samuel Paty.

Avant d’aborder les faits, le président, Franck Zientara, a tenté de sonder l’intrigante personnalité de cette femme qui semble avoir trouvé dans l’islam une vision désirable et rassurante du patriarcat. Sa première expérience maritale a pourtant été un échec cuisant : après s’être installée avec son premier mari en Algérie, elle avait découvert que ce dernier, connu pour son appartenance à la mouvance islamiste, était polygame et refusait qu’elle se promène seule dans la rue. Désenchantée, la jeune femme était rentrée quatre ans plus tard en France avec ses jumeaux sous le bras.

« C’est chacun son concept »

Elle avait retenté sa chance en s’unissant à un second homme pieux répondant à ses critères. Nouvelle déconvenue : il sera condamné trois ans plus tard, en 2020, à quatorze ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste. Mais puisqu’il lui dit qu’il est innocent, elle est convaincue qu’il l’est. Dans le monde de Priscilla Mangel, tout le monde est innocent et personne n’est radicalisé. Pour tenter d’enrayer le discours un peu lisse qu’elle offre à la cour, le président lui fait remarquer qu’elle a tenu, par le passé, des propos favorables à la charia dans la conduite du mariage.

« J’ai une attirance pour un mode de vie protecteur. Le fait d’avoir un mari qui se soucie de vous, la responsabilité de l’homme pour son épouse, ça fait partie de ce qui m’a attirée dans l’islam, dit-elle. Je cherche un homme religieux, très rigoriste, mais sans sortir du cadre légal. Pour moi, ce n’est pas radical. Quelqu’un qui est apprêté, qui prend soin de son corps, qui a une certaine jalousie, du charisme… On retrouve souvent ces traits chez les personnes dites rigoristes. »

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Soren Seelow
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