Au procès des assistants du FN, la défense embarrassée de Louis Aliot : « C’est une procédure un peu baroque »

Au procès des assistants du FN, la défense embarrassée de Louis Aliot : « C’est une procédure un peu baroque »

Louis Aliot à la barre, au tribunal de Paris, le 29 octobre 2024. BENOîT LAMARE POUR « LE MONDE » Louis Aliot en a fait des choses. Premier vice-président et numéro deux du Rassemblement national (RN, anciennement Front national, FN), docteur en droit, maire de Perpignan, ancien avocat, ancien eurodéputé, ancien député, ancien conseiller régional, départemental, municipal…

Louis Aliot à la barre, au tribunal de Paris, le 29 octobre 2024.

Louis Aliot en a fait des choses. Premier vice-président et numéro deux du Rassemblement national (RN, anciennement Front national, FN), docteur en droit, maire de Perpignan, ancien avocat, ancien eurodéputé, ancien député, ancien conseiller régional, départemental, municipal… « J’ai occupé toutes les fonctions », résume modestement l’élu. C’est en revanche la première fois qu’il comparaît pour « détournement de fonds publics », et, mardi 29 octobre, le tribunal attendait avec curiosité ses arguments, qui devaient sans doute trancher avec les embarras de la défense des autres députés européens, ses coprévenus.

Louis Aliot ne s’était pas rendu à la convocation des enquêteurs, n’avait fait qu’une brève déclaration devant les juges d’instruction, puis fait valoir son droit au silence – « Vous n’avez donc jamais répondu aux questions », a observé Bénédicte de Perthuis, la présidente. Il connaît pourtant bien le Parlement européen, il a été assistant parlementaire de Marine Le Pen, avec qui il était en couple, de 2011 à 2014, un mi-temps rémunéré 5 000 euros par mois – quand on aime, on ne compte pas. Le Parlement avait tiqué sur la somme, mais l’ancien assistant n’est pas poursuivi pour cela.

Il l’est aujourd’hui pour avoir employé à plein temps, du 1er juillet 2014 au 28 février 2015, Laurent Salles, dont les traces du travail pour l’Europe sont extraordinairement discrètes. L’assistant travaillait en réalité pour Yann Le Pen, qui était fort satisfaite de ses services, à la « direction nationale des grandes manifestations », la DNGM, au siège du parti, à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, où il se rendait régulièrement tous les jours. Laurent Salles en était bien content, il avait été embauché au FN en 2013, et après sa période d’assistant parlementaire, avait été réembauché au parti dans ce secteur événementiel qu’il prisait tant.

Les relations de l’assistant avec son député européen sont malheureusement ténues : ils se sont téléphoné une seule fois en onze mois – de septembre 2014 à août 2015 –, et Laurent Salles n’a envoyé qu’un unique SMS à son patron pendant la période, et pas un document ne vient étayer son travail pour le Parlement. Les seuls contacts sérieux qu’il a eus avec le député, c’était pour l’inviter à la galette des rois de la fédération 92 du FN.

« Il était débrouillard »

Louis Aliot le prend avec hauteur. « Je venais une fois par semaine au siège, mon bureau était au premier étage, le sien aussi. Il gérait mon courrier parce que les gens écrivent souvent au siège du parti, c’est comme ça. » L’assistant lui avait été recommandé par Nicolas Bay, l’ancien secrétaire général, qui lui avait dit, Laurent Salles est au chômage, il a été capable de monter une liste FN à Suresnes, une terre de conquête des Hauts-de-Seine pour le FN. Donc, « il était débrouillard ».

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