Au Royaume-Uni, des antennes 5G incendiées à cause d’une théorie du complot sur le coronavirus

Au Royaume-Uni, des antennes 5G incendiées à cause d’une théorie du complot sur le coronavirus

Images d’amateur d’une antenne téléphonique en feu à Birmingham, le 4 avril. CAPTURE D’ÉCRAN
Birmingham, Liverpool, Melling (Meyerside)… au cours de la semaine écoulée, trois antennes téléphoniques ont été incendiées au Royaume-Uni, rapporte la presse britannique. Au moins quatre antennes ont été visées par des tentatives de dégradations durant le week-end du 4 et 5 avril, rapporte l’opérateur Vodafone — un départ d’incendie a également été signalé à Belfast, en Irlande du Nord.

Ces trois incendies, dont l’origine criminelle ne fait guère de doute, se sont produits alors qu’une théorie du complot très populaire outre-Manche fait le lien entre l’apparition du coronavirus et le déploiement des antennes 5G dans le pays. Particulièrement fantasque, cette hypothèse, dont il existe plusieurs variantes, prétend soit que l’épidémie a été « inventée » pour « couvrir » les conséquences sur la santé de la 5G, soit que les ondes 5G « chassent » l’air des poumons et ont facilité ou provoqué les contaminations de Covid-19. Ces théories ont également été propagées par certaines célébrités britanniques, dont Amanda Holden, la juge de l’émission de télé-réalité « Britain’s got talent », qui a diffusé, à ses presque deux millions d’abonnés Twitter, une pétition liant la 5G à l’épidémie.
Dans un communiqué, le régulateur des télécommunications britannique précise :
« Nous avons reçu plusieurs rapports de vandalisme visant des antennes téléphoniques, mais aussi d’agressions d’employés des télécommunications, inspirées par des théories cinglées du complot qui circulent sur Internet. Les responsables de ces actes seront poursuivis avec la plus grande sévérité. »
Des salariés d’une filiale de British Telecom (BT) chargés d’installer les raccordements à Internet dans les foyers britanniques ont également publié plusieurs appels au calme sur les réseaux sociaux, après plusieurs incidents au cours desquels des employés ont été menacés dans la rue. Le maire de Liverpool, Joe Anderson, a dit avoir reçu des menaces après avoir dénoncé ces théories.
Des limitations sur les réseaux sociaux

Certains réseaux sociaux, dont YouTube, ont annoncé qu’ils mettraient en place de nouvelles mesures pour limiter la diffusion des vidéos complotistes liant la technologie 5G à l’épidémie de Covid-19 :
« Nous avons commencé à diminuer la place des vidéos qui promeuvent les théories du complot sur la 5G et l’épidémie, qui désinforment nos utilisateurs de manière dangereuse. »
Les vidéos devraient désormais apparaître moins fréquemment dans les suggestions de vidéos à regarder, qui sont une gigantesque source de trafic sur la plate-forme. Sur Facebook, une recherche « 5G coronavirus » affiche, dans ses premiers résultats, plusieurs messages défendant cette théorie du complot, avant ceux des autorités sanitaires, a pu constater Le Monde, lundi matin.
Mais le problème ne touche pas que les réseaux sociaux : le régulateur des médias britannique a également sanctionné une radio locale qui avait donné une large place sur son antenne à une personne propageant cette théorie.
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Ces attaques contre le réseau téléphonique inquiètent également les responsables du réseau de santé britannique. Stephen Powis, le directeur médical du National Health Service, le service de santé britannique, a vivement dénoncé ces actes de vandalisme :
« La réalité est que les réseaux mobiles sont absolument critiques pour nous tous, alors que nous demandons à tous les citoyens de rester chez eux et de ne pas voir leurs parents et amis. Mais plus particulièrement, ces réseaux sont utilisés par nos services de secours et les travailleurs du système de santé, et je suis totalement furieux, totalement dégoûté de voir qu’il y a des attaques contre les infrastructures mêmes qui nous permettent de répondre à cette urgence sanitaire. »
Les antennes incendiées ces derniers jours n’étaient pas toutes des antennes 5G. Selon la BBC, au moins l’une des tours incendiées semblait ne pas contenir d’antenne 5G.
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Damien Leloup