Le président colombien, Gustavo Petro (à gauche), à l’ouverture de la COP16 à Cali (Colombie), le 29 octobre 2024. LUIS ACOSTA / AFP Les négociations sur la façon de mettre en œuvre l’ambitieux accord de Kunming-Montréal sur la protection de la nature achoppaient encore, jeudi 31 octobre, à moins de quarante-huit heures de la conclusion de la
Les négociations sur la façon de mettre en œuvre l’ambitieux accord de Kunming-Montréal sur la protection de la nature achoppaient encore, jeudi 31 octobre, à moins de quarante-huit heures de la conclusion de la 16e conférence mondiale sur la biodiversité (COP16). Avant de quitter la Colombie, mercredi, la ministre française de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a fait part de sa « préoccupation », évoquant des « signaux pas si encourageants ».
Sans surprise, le bras de fer entre le Nord et le Sud porte essentiellement sur les financements. Avec un sujet de crispations en particulier : des pays en développement, dont le Brésil et des Etats africains, réclament la création d’un nouveau fonds consacré à la biodiversité, alors que l’Union européenne et la majorité des pays donateurs s’y opposent fermement. Les diplomates tentent de dégager une solution de compromis pour faire en sorte qu’aucun camp ne perde la face.
Si la question de l’accès des pays les plus vulnérables aux ressources dont ils ont besoin est cruciale, elle tend à occulter un autre enjeu financier, celui des subventions néfastes à l’environnement. « Il y a beaucoup de discussions sur les 20 milliards de dollars que les pays développés doivent apporter aux pays en développement [d’ici à 2025], mais c’est une goutte d’eau dans l’océan par rapport à ce que les gouvernements investissent dans ces subventions, remarque Farooq Ullah, du groupe de réflexion International Institute for Sustainable Development (IISD). Chercher à être plus ambitieux en matière de financements favorables à la nature sans mettre fin aux flux financiers néfastes, qui sont bien plus importants, n’a pas de sens. »
« Une grande partie des négociations sont parasitées par la question des financements et des moyens de mobiliser des fonds privés, observe aussi Arnaud Schwartz, vice-président de France Nature Environnement, présent à la COP16 au sein de la délégation européenne en tant que membre du Comité économique et social européen. En réalité, il y a de l’argent public, mais il est utilisé pour des actions néfastes. On paie une fois pour détruire la nature, et une deuxième fois pour la réparer. Où est le bon sens ? »
L’accord de Kunming-Montréal, adopté à l’issue de la COP15, en 2022, établit que le déficit de financement de la biodiversité s’élève à environ 700 milliards de dollars par an. Il prévoit que les Etats identifient, d’ici à 2025, l’ensemble des incitations et subventions préjudiciables à la nature, puis qu’ils les réduisent d’environ 500 milliards de dollars par an, d’ici à 2030.
Il vous reste 45.84% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Laisser un commentaire
Votre adresse électronique ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'un *