Marine Le Pen à l’Assemblée nationale, à Paris, le 2 décembre 2024. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE » Dans Trump : The Art of the Deal (Ballantine Books, 1987), best-seller qui le fera connaître, le milliardaire et futur président américain esquisse sa méthode de négociation. Montrer sa force, surprendre quitte à claquer la porte, mettre l’adversaire dos au
Dans Trump : The Art of the Deal (Ballantine Books, 1987), best-seller qui le fera connaître, le milliardaire et futur président américain esquisse sa méthode de négociation. Montrer sa force, surprendre quitte à claquer la porte, mettre l’adversaire dos au mur et, surtout, « l’important est moins le contenu de l’accord qu’avoir un accord qui porte votre nom, dont vous pourrez ensuite vous attribuer les mérites ».
Marine Le Pen a-t-elle lu celui qu’elle a longtemps soutenu et dont elle rêve de devenir l’homologue ? Ces dernières semaines, elle a appliqué l’« art du deal » à la perfection, poussant progressivement Michel Barnier à accepter la majeure partie de ses demandes. Mais lundi 2 décembre, à l’issue d’une négociation démontrant son ascendant sur le premier ministre, la cheffe de file de l’extrême droite a posé le stylo. Et renoncé à l’accord qui aurait fait d’elle une cheffe du gouvernement bis, à l’aube de nouveaux textes à enjeux : projet de loi de finances, loi sur l’immigration, possible texte sur le scrutin proportionnel…
La volonté de ses électeurs était de renverser le gouvernement de Michel Barnier, perçu comme une continuation de ceux d’Emmanuel Macron. Marine Le Pen et Jordan Bardella s’y sont ralliés, ces dernières semaines, estimant qu’ils auraient trop à perdre et que le premier ministre ne leur avait pas offert ce que Mme Le Pen brigue avec ardeur : du respect. A leurs yeux, M. Barnier n’a jamais respecté sa promesse de début de législature.
Le duo à la tête du Rassemblement national (RN) a tranché autour d’un déjeuner ce lundi, préservant son image de parti « antisystème » et rejetant une double opportunité : celle de revendiquer des victoires pour leur électorat, et de conforter l’opinion nouvelle que les élites économiques ont d’eux. Ils ont annoncé qu’ils déposeraient une motion de censure à la suite du recours, lundi 2 décembre après-midi, de l’article 49.3 par le premier ministre pour faire adopter le budget de la « Sécu » et qu’ils joindraient leurs voix à la gauche pour voter celle déposée par le Nouveau Front populaire.
La conquête du vote des seniors
Le « deal » aurait pourtant porté le nom de Le Pen : les derniers reculs de M. Barnier, sur la hausse de la taxe sur l’électricité et le déremboursement des médicaments, lui sont attribués. Pour ce dernier, l’ancien commissaire européen l’avait écrit lundi midi, dans un communiqué à en-tête de Matignon mentionnant sa discussion téléphonique avec Marine Le Pen. Ce faisant, le Savoyard se pliait également à l’exigence formelle réclamée par la dirigeante d’extrême droite. Cette ultime main tendue faisait droit à la demande exprimée dans les colonnes de La Tribune Dimanche, d’un « quitus sur la désindexation des pensions ou sur le non-déremboursement des médicaments ».
Il vous reste 57.25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Laisser un commentaire
Votre adresse électronique ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'un *