Dans une lettre adressée à Mme E. Régine Joseph Haddad, Secrétaire Générale a.i. de la Présidence, le Comité du Dialogue Inter-Femmes (DIFE) exprime son désaccord sur le transfert du processus de désignation d’une représentante du mouvement des femmes haïtiennes au Conseil Électoral Provisoire (CEP). DIFE dénonce une décision unilatérale qui, selon elle, va à l’encontre des principes démocratiques et de transparence.
Le Dialogue Inter-Femmes, chargé initialement de la coordination de ce processus, affirme avoir reçu une correspondance officielle de la Secrétaire Générale de la Présidence l’autorisant à mener les consultations nécessaires. Ces consultations, menées de manière inclusive et moderne à travers les nouvelles technologies de communication, ont impliqué 516 organisations et quatre candidates à travers les dix départements du pays. À l’issue de ces consultations, deux candidates, Yves Marie Edouard et Josette Macillon, ont été sélectionnées et leurs noms ont été soumis au Conseil Présidentiel pour la finalisation du choix.
Cependant, selon la lettre de DIFE, le processus a pris une tournure inattendue lorsque le Secrétariat du Conseil Présidentiel a invité DIFE à une réunion le 3 août dernier à la Villa d’Accueil. Lors de cette réunion, où deux autres structures étaient également présentes sans que DIFE en soit informé au préalable, il a été décidé de ne retenir qu’un seul nom au lieu des deux initialement prévus. Face à cette situation, DIFE a exprimé son désir de procéder à un recomptage des votes. Malheureusement, le jour prévu pour le recomptage, Mme Pedrica Saint Jean, coordinatrice du Dialogue Inter-Femmes, a été victime d’une attaque politique près de son domicile, empêchant l’organisation de finaliser et d’envoyer le nom de la candidate retenue. C’est dans ce contexte que DIFE a appris avec stupeur que le processus de désignation avait été transféré à d’autres structures sans qu’elle en soit informée ni consultée.
Dans sa lettre de contestation, DIFE dénonce cette décision comme étant une « manœuvre politique, irrespectueuse et inélégante » orchestrée par le Conseil Présidentiel. Le Dialogue Inter-Femmes y voit une tentative de prise de contrôle politique du processus, ce qui, selon l’organisation, compromet gravement l’intégrité et l’indépendance de la représentation féminine au CEP.
«Le Dialogue Inter-Femmes dénonce et conteste énergiquement cette attitude qui va à l’encontre des principes démocratiques, de transparence et de respect que défend notre plateforme », peut-on lire dans la lettre. L’organisation souligne que les structures invitées à participer au processus, mais qui avaient refusé de collaborer, semblent désormais bénéficier du soutien du Conseil Présidentiel, ce qui laisse entrevoir une complicité à des fins politiques.
DIFE, à travers les nombreuses organisations qui ont pris part aux consultations et qui ont choisi Yves Marie Edouard et Josette Macillon, affirme ne pas vouloir céder face à cette tentative de mainmise politique. « Nous exigeons une lettre d’excuse publique du Conseil Présidentiel pour l’honneur de toutes ces organisations qui ont participé au processus, spécialement Dialogue Inter-Femmes », conclut la lettre. Le comité appelle également à ce que « la démocratie et l’élégance triomphent » dans ce processus.