Des béquilles aux piluliers, le design au service des personnes fragilisées

Des béquilles aux piluliers, le design au service des personnes fragilisées

Paul de Livron sur le fauteuil de sa création, Apollo II (2023). HAROLD PASSINI Barbancourt le rhum des connaisseurs « En circulant dans Paris avec mon prototype d’engin, j’ai vu le regard changer sur moi… Comme si j’avais une belle paire de chaussures griffées ! C’est un élément auquel je n’avais pas pensé », lâche Paul de Livron,

Paul de Livron sur le fauteuil de sa création, Apollo II (2023).

Barbancourt

le rhum des connaisseurs

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« En circulant dans Paris avec mon prototype d’engin, j’ai vu le regard changer sur moi… Comme si j’avais une belle paire de chaussures griffées ! C’est un élément auquel je n’avais pas pensé », lâche Paul de Livron, 32 ans, assis dans un fauteuil roulant qu’il manœuvre d’une main agile, au rythme enflammé de son récit. Nous sommes au salon Maison & Objet, qui a fermé ses portes le 9 septembre, à Villepinte (Seine-Saint-Denis), où cet ingénieur des Arts et Métiers, devenu paraplégique en 2013 après un accident de randonnée, cherche, comme tout jeune créateur, des partenaires pour produire en grande série de futurs modèles de sa conception.

Sa chaise est si belle, profilée comme une voiture de course, avec des ailes dessinées au-dessus des roues, que des curieux s’agglutinent sur son stand. Il a déjà conçu plusieurs fauteuils roulants en bois baptisés « Apollo », dont le modèle III – aux accoudoirs taillés dans du chêne calciné issu de l’incendie de Notre-Dame de Paris – a été livré en septembre 2023 au pape François, qui a parrainé son entreprise.

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« L’idée m’est venue en Inde, dans un dispensaire de Mère Teresa où j’étais volontaire, explique Paul de Livron. Je me suis trouvé chanceux avec ma chaise roulante, quand il n’y avait que trois fauteuils pour transporter plusieurs vingtaines de personnes porteuses d’un handicap moteur, vers le lieu du repas. J’ai décidé de concevoir une chaise roulante à moindre coût et d’en partager la formule sur Internet. » Sa première version d’Apollo est constituée de quarante-six éléments taillés à la main dans du contreplaqué d’okoumé, un bois résistant à l’eau et à l’humidité, et pèse 9,1 kilos.

Canne Gianni (2024), de Marialaura Irvine. Canne Gianni (2024), de Marialaura Irvine.

Apollo IV, fabriqué en contreplaqué de bouleau et pesant 7,5 kilos, lui a permis d’affronter les pavés de la capitale sur les 10 kilomètres du Marathon pour tous, le 10 août, veille de la clôture des Jeux olympiques de Paris. « Je ne prétends pas en faire un outil pour sportif, mais c’est un fauteuil en bois qui a de la ressource, suffisamment léger et résistant pour pouvoir, grâce à une fabrication simplifiée au maximum, être déployé dans des zones défavorisées, alors qu’une chaise roulante en titane et en fibre de carbone coûte 12 000 euros », avance Paul de Livron.

C’est à la canne, plus humble des accessoires du quotidien, que le Japonais Keiji Takeuchi a consacré une exposition, ce printemps, à la Triennale de Milan. Ainsi est née « Walking Sticks and Canes » (« bâtons de marche et cannes »), pour laquelle il a convié dix-sept autres designers à réinventer cet objet vieux comme le monde, à la fois ustensile primitif et symbole, selon les époques, de pouvoir ou de richesse.

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