Des compagnies pétrolières prennent le contrepied du rapport de l’État

Des compagnies pétrolières prennent le contrepied du rapport de l’État

L’Association des Professionnels du Pétrole n’a pas tardé à réagir sur l’accusation faite par l’État haïtien indiquant que les compagnies pétrolières ont empoché indûment 95 millions de dollars de bénéfices sur les 14 mois de libéralisation du marché.

« Le gouvernement fait état de bénéfices indus alors qu’il définit de manière souveraine la structure des prix. Les prix des carburants en Haïti sont définis par l’État qui peut retracer les produits au gallon près », lit-on dans un communiqué de l’Association des professionnels du pétrole (APPE), jeudi 20 août.

« Les rédacteurs du rapport attribuent faussement une marge bénéficiaire mirobolante aux compagnies sans prendre en compte les charges dont elles doivent s’acquitter. Il s’agit de montants desquels elles doivent payer les coûts associés à la commercialisation des produits pétroliers, puis leurs impôts », soutient le communiqué de l’APPE, association regroupant cinq compagnies pétrolières.

« Il est curieux que ne soit nulle part précisé dans ledit rapport que la structure des prix des carburants est gérée depuis 30 ans exclusivement par le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) qui utilise pour cela l’indice Caribbean Posting. Les compagnies pétrolières ont l’obligation de respecter les règles établies par l’État en commercialisant le carburant selon la structure des prix mise en place par le MEF. Cette dernière s’est toujours appliquée à calculer la différence entre le Caribbean Posting et le Platts après chaque importation », a poursuivi l’APPE.

L’APPE a souligné que l’État subventionne le carburant afin que son prix reste fixe à la pompe rappelant que « la dévaluation systématique de la gourde ces 10 dernières années a engendré des baisses conséquentes des taxes perçues par l’État en raison de l’augmentation significative du coût du carburant en 2019, de l’augmentation des coûts du transport maritime et des commandes toujours placées dans l’urgence, ce qui fait encore grimper les factures ».

En outre, l’APPE précise que « la différence entre le Caribbean Posting et le Platts varie à chaque importation et la moyenne sur les quatre dernières années a été de 20 centimes », insistant sur le fait que « les compagnies qui commercialisent les produits pétroliers en Haïti n’ont aucun contrôle sur ces indices et l’augmentation de leur différence en 2019 n’a donc absolument rien à voir avec la libéralisation du marché local ».

« Les rapports, comme celui établi par IGF-ULCC-UCREF, doivent servir à fixer les responsabilités, aider l’État à prendre les bonnes décisions, sans transférer torts et responsabilités à ceux qui n’ont fait que respecter les règles en vigueur en utilisant les structures de prix définies par le ministère de l’Économie et des Finances », affirme l’APPE qui mentionne que les auteurs de ce rapport ont menti sur « les pertes enregistrées par l’État haïtien dans le cadre des marchés pétroliers d’acquisition de produits pétroliers, particulièrement entre mars 2010 et mai 2020 ».

Le Premier ministre, Joseph Jouthe, qui a fait le point sur le rapport de l’enquête de l’IGF, l’UCREF, l’ULCC concernant les pertes enregistrés par l’État haïtien sur les produits pétroliers, a rapporté que les gains des compagnies pétrolières sont passés de 39 millions de dollars, avant la libéralisation, à 71 millions de dollars, durant la libéralisation, soit une augmentation de 82%. L’État, a insisté le Premier ministre, a enregistré un manque à gagner de 113 milliards de gourdes durant ces 10 dernières années.