Par arrêté présidentiel en date du lundi 28 mai 2018, le chef de l’Etat a décidé que les nominations ou transferts aux niveaux des directions centrales et départementales de la Police Nationale d’Haïti, ainsi que les réglementations générales, la formation et le renforcement des effectifs, la discipline, la carrière et la rémunération des membres de la PNH doivent être soumis à l’approbation du Conseil supérieur de la Police nationale (CSPN).
Selon cet arrêté, sans cette approbation, ces décisions sont, de plein droit, nulles et de nul effet alors que la loi du portantcréation, organisation et fonctionnement de la Police nationale fait mention de simple ‘’avis’’.
24 heures après la publication du texte dans le journal officiel Le Moniteur, un ancien directeur général de la PNH, des hommes de loi, des parlementaires, des membres d’organismes de défense des droits humains sont montés au créneau pour le dénoncer.
L’ex-commandant en chef de la Police nationale, Mario Andrésol estime que l’arrêté présidentiel réduisant l’autorité du numéro un de la PNH est la preuve que Jovenel Moïse est très mal conseillé.
Pour lui, ce texte a tacitement révoqué le directeur général de la police, Michel-Ange Gédéon.
Néanmoins, l’ancien candidat à la Présidence rappelle qu’un simple arrêté ne peut aucunement modifier la loi portant création, organisation et fonctionnement du corps policier.
En substance, Mario Andrésol invite le chef de l’Etat à faire retrait de cet arrêté qui est susceptible de provoquer l’implosion de l’institution policière.
De son coté, le président de la Commission Justice et Sécurité du Sénat n’a pas mis du temps pour adresser une correspondance au président du corps, Joseph Lambert, lui demandant d’inviter le Conseil supérieur de la police nationale (CSPN) a une séance de travail en date du 1er juin, à 11 heures AM.
A l’issue de cette réunion, le Président du CSPN, le Premier ministre Jack Guy Lafontant, fournira des explications sur un ensemble de dossiers notamment sur l’arrêté qui déjà crée la polémique.
Un autre sénateur, Francenet Denius qui souvent valide les décisions du pouvoir en place s’est montré très critique vis-à-vis de ce texte qu’il appelle les autorités à en faire retrait.
Dans l’intervalle, le réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a souligné dans une note que le CSPN, conseil hautement politisé, est composé du chef du Gouvernement, des ministres de la Justice, de l’Intérieur entre autres, ce qui place le conseil sous la coupe réglée de l’Exécutif.
Dans le souci d’éviter la politisation de l’institution policière, le RNDDH recommande au Parlement d’intervenir rapidement en vue d’exiger que le pouvoir exécutif fasse retrait de l’arrêté du 28 mai.