Dominique Buffin, une femme au Louvre pour protéger le musée le plus visité au monde

Dominique Buffin, une femme au Louvre pour protéger le musée le plus visité au monde

Dominique Buffin, dans l’aile Richelieu du Musée du Louvre, à Paris, le 9 septembre. IORGIS MATYASSY POUR M LE MAGAZINE DU MONDE Barbancourt le rhum des connaisseurs Discrète silhouette en tailleur-pantalon noir, chemise grise et chaussures plates, Dominique Buffin se fond dans le décor du Louvre, à Paris. Au point que des visiteurs égarés, la

Dominique Buffin, dans l’aile Richelieu du Musée du Louvre, à Paris, le 9 septembre.

Barbancourt

le rhum des connaisseurs

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Discrète silhouette en tailleur-pantalon noir, chemise grise et chaussures plates, Dominique Buffin se fond dans le décor du Louvre, à Paris. Au point que des visiteurs égarés, la prenant pour une gardienne de salle, s’enquièrent auprès d’elle du plus court chemin pour accéder aux toilettes ou à la Joconde. « Une leçon d’humilité », lâche celle qui dirige depuis le 17 septembre le service ultra-stratégique de l’accueil et de la surveillance, soit mille cent agents. Tout un symbole : pour la première fois de son histoire, le musée le plus visité au monde est protégé par une femme.

A 45 ans, Dominique Buffin n’a rien d’une novice. Voilà deux décennies qu’elle gravit à bas bruit la hiérarchie du renseignement et de la sûreté. Ces six derniers mois, en tant que directrice déléguée, elle a connu un apprentissage accéléré du Louvre auprès de son prédécesseur, Denis Fousse. L’occasion de tester son flegme dans le tourbillon olympique.

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Le musée est alors en alerte. Les touristes ont beau être moins nombreux dans les salles, ses abords sont quotidiennement bondés. Chaque soir, des milliers de badauds convergent vers le jardin des Tuileries, dans le périmètre du Louvre, pour suivre l’envol de la vasque olympique. Il a fallu surveiller et réguler les flux, anticiper les mouvements de foule.

« Je connais le manuel du parfait paranoïaque ! », s’­esclaffe Dominique Buffin, qui préfère oublier le stress d’un ­événement sous haute tension pour retenir les « beaux moments », comme le passage de la flamme olympique, le 14 juillet. Ou encore le dîner des chefs d’Etat, le 25 juillet, sous la pyramide. Pendant que les cinq cents convives triés sur le volet se délectent de homard bleu et de croustillant de sarrasin, Dominique Buffin avale un sandwich les yeux rivés sur les écrans de surveillance, à l’affût de signaux suspects. Des signes, il y en a continuellement dans cette institution qui a accueilli près de neuf millions de visiteurs en 2023.

Intrépide mais pas impulsive

La haute fonctionnaire ne peut pas aligner deux phrases sans que son portable vibre. Bzzz ! Un enfant a disparu dans les salles des antiquités égyptiennes. Bzzz ! Le gamin a été retrouvé. Dominique Buffin se garde bien de regarder tous les messages en temps réel. Quand il y a urgence, on l’appelle. « Sinon, c’est le burn-out assuré ! »

Intrépide mais pas impulsive, Dominique Buffin n’a rien d’une tête brûlée. Le fantasme du Zorro ou de la super-héroïne, très peu pour elle. Adolescente, elle hésitait entre les métiers d’avocat et de policier, avant de trancher après ses études de droit. Ses parents s’inquiètent. Policier, c’est une profession à risques, un métier d’homme. « Eh bien, en fait, non », assure Dominique Buffin, statistiques à l’appui : les femmes représentent près du tiers des effectifs de la police nationale. Les dérapages sexistes n’en sont pas moins fréquents. Elle assure pourtant n’avoir jamais essuyé de remarques déplacées et n’a pas eu non plus de difficultés à asseoir son autorité. Défendre son genre n’est pas son propos.

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Roxana Azimi
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