A quoi reconnaît-on un héros ? Pas facile de répondre. De héros, il en est beaucoup question dans Koh Lanta, émission de TF1 qui voit depuis plus de vingt ans des candidats tenter de survivre quarante jours sur une île déserte, affamés et épuisés, matraqués d’épreuves sportives et de logique. En trente saisons diffusées, on a pu faire le tour de la question. L’aventurier de Koh Lanta, on l’aime quand ses victoires parlent pour lui, qu’il mène sa barque sans rouler sur les autres, qu’il aide sur le camp en trouvant de quoi sustenter le groupe et le faire dormir au chaud. Dans le jargon de Koh-Lanta, on parle des « 4S » (pour Sport, Survie, Stratégie, Social).

Des champions, il y en a eu de fameux. Citons Claude. Ou Clémence (la seule à avoir gagné le jeu à deux reprises). Et puis, il y a Ugo. Pour sa troisième participation, il a fait, une fois encore, fondre les cœurs des téléspectateurs. Disons-le tout net, le daron de 43 ans a perdu. Il s’est fait sortir le 19 novembre, par les votes des cinq autres candidats qui s’affronteront en demi-finale la semaine prochaine. Mais de l’avis de nombreux internautes, c’est quand même lui, le héros. De l’avis également de l’auteure de ces lignes, à la partialité éhontée depuis la première victoire d’Ugo en 2012 : il est le Goat (greatest of all time), il est l’UGoat.

Celui qui est, dans la vraie vie, guide naturaliste dans les Pyrénées-Orientales est fort sur les épreuves. Il est même surnommé « le phénix de Koh Lanta », pour avoir résisté, lors de l’édition 2021, à des conditions particulièrement éprouvantes. Sa force mentale lui a valu le respect de tous ses adversaires. Mais il y a autre chose.

Ugo Latriche (on a rarement vu quelqu’un porter aussi mal son patronyme, tant le type a toujours fait preuve d’une honnêteté sans faille) a un atout maître : sa gentillesse. Être gentil, avouons-le, c’est vraiment ringard aujourd’hui (en fait, depuis très longtemps, en témoigne le mythique « je n’aime pas dire du mal des gens mais effectivement elle est gentille » du Père Noël est une ordure en 1982). Et pourtant, que ce fut bon de voir quelqu’un se comporter avec autant de bienveillance, d’humilité et de douceur, qu’il gagne ou qu’il perde.

Face à des candidats pourtant plus forts (Gustin, montagne de muscle suisse dont la puissance n’avait d’égale que le manque d’empathie), meilleurs pêcheurs (Thibault, agriculteur corse taiseux), ou même plus drôles (Jacques, danseur de Charente-Maritime moyennement performant), il a marqué les consciences et montré l’exemple. Il a ainsi offert, devant sa tribu ébahie, son collier d’immunité à la jeune Cassandre (23 ans) pour lui permettre de sauver sa place. En félicitant chaque candidat meilleur sur une épreuve, en réconfortant les autres, en s’excusant de devoir voter contre un adversaire. On ne peut que souhaiter à l’affable Ilyesse, étudiant ingénieur qui l’a érigé en « modèle » (et désormais favori de la course), de marcher dans ses pas.

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