La déportation des migrants haïtiens se poursuit. En deux semaines, les Etats-Unis ont déjà rapatrié près de 4000 personnes. Ils sont environ 30 mille à attendre leur sort, dans des camps de fortune, sous le pont Del Rio, au Texas. Selon Unicef, près de 40% d’entre eux sont des enfants nés au chili, au Brésil et au Vénézuela. D’autres, dans des conditions difficiles de la traversée, sont en route. Les chiffres varient. Certaines sources parlent de 18 mille. Sous peu, ils vont atteindre la frontière pour affronter affres des gardes frontalières qui, au premier temps de la déportation, les traitaient comme du bétail humain à l’abattoir. Une image qui renvoie au culte de la traite des nègres d’Afrique conduit de force en Amérique.
L’administration de Joe Biden ne souhaite pas voir la crise des migrants transformée en crise politique. Le président Américain assume et prend des dispositions. Pour cacher la réalité et traiter le dossier autrement. L’image du mode de traitement infligée aux migrants haïtiens et envoyée au monde est mauvaise. « Ce n’est pas qui nous sommes ». Entre temps, un montant de 5.5 million de dollars creuse un trou immense dans trésor public américain et garnis les comptes de l’Organisation internationale de la migration OIM. Personne ne sait comment sera assurée la gestion de ce fond. L’Etat haïtien ne pourra piper mots. A coup sûr. Une pratique similaire aux périodes de gestion de risques, de désastres et de catastrophes naturelles sur le territoire. Les organismes n’ont de compte à rendre qu’à leur donateur. Et, les déportés, sans aucun repaire, aucune boussole, retourneront à la case de départ.
Renvoyer les haïtiens chez eux, dans un pays où des bandes armées procèdent au quotidien à des enlèvements contre rançons sans aucune peur et contraintes et/ou intervention musclée des forces de l’ordre encore moins des cadres du Conseil supérieur du police nationale CSPN, devient la plus sages des décisions que l’Amérique de Joe Biden ait adopté. Les autorités nationales ne semblent témoigner aucune sensibilité à cette réalité qui se présente aux migrants comme une évidence. Des personnes qui fuient l’insécurité sous toutes ses formes, la guerre et la loi des gangs, la passivité accrue des représentants la loi et des organes de prises de décisions formelles. Elles fuient une réalité qui, selon certains esprits avisés, est, de manière directe ou indirecte, provoquée par l’Oncle Sam.
Parallèlement, le Premier ministre Haïtien, Ariel Henry, confortablement installé dans son « Accord politique pour une gouvernance apaisée et efficace de la période intérimaire », gère les affaires de la République avec la tête froide et, semble-t-il, ne pas mesurer l’ampleur et la gravité de la situation. Le chef du gouvernement est tranchant. « Nous ne sommes pas responsables de leur déportation » et Haïti « ne peut pas s’immiscer dans les affaires intérieures des États-Unis ». « Tous les Haïtiens qui retournent sur leur terre natale ont droit à un accueil », a-t-il expliqué. Quel Accueil ?
L’office Nationale de la Migration ne fournis pas trop d’explication sur le mode d’accompagnement et d’assistance fournis aux rapatriés une fois investis le territoire national. Ces haïtiens, hommes, femmes et enfants, en quête de mieux être et d’un avenir meilleurs, ont fuit le pays pour des raisons d’insécurité et d’instabilité politique. Ils sont de retour. D’autres sont sur le point de fouler le sol. Ils vont devoir vivre dans cet abattoir où leur vie ne tient qu’à un fil qui peut être rompu au gré de l’humeur des bandits armés. Ces bétails humains sont aujourd’hui conscients d’un fait : aucune autorité du gouvernement, aucune organisation de droits humains n’est en mesure de plaider leur cause. Il est venu le temps de se laisser abattre !
La rédaction