Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés a dressé le bilan des rapatriements et retours spontanés observés à la frontière haïtiano-dominicaine durant les 6 derniers mois.
Marqués par la pandémie de coronavirus, les six premiers mois de l’année 2020 ont été très mouvementés au niveau de la frontière entre Haïti et la République dominicaine. “Seulement pour cette période, 20 629 cas de rapatriement et 78 195 cas de retournés spontanés ont été recensés dans des points frontaliers officiels et non officiels” a noté le GARR.
Au cours du mois de juin, le GARR a observé une très grande augmentation du nombre des cas de retours spontanés par rapport au mois de mars : 28 581 retourné-e-s en juin contre 1 660 en mars.
“La commune de Ouanaminthe (Nord-Est) où il existe un point de passage officiel, vient en tête de liste avec un total 39 422 retournés dont 24 152 hommes, 13 686 femmes, 880 garçonnets et 704 fillettes. Ensuite vient Belladère, commune frontalière du département du Centre avec 18 984 retournés dont 13 914 hommes, 4 122 femmes, 533 garçonnets et 415 fillettes. Pour les communes de Thomassique (Centre) et de Ganthier (Ouest), 9 823 et 4 655 retourné-e-s spontanés ont respectivement emprunté ces points frontaliers pour entrer en Haïti. Pour Ferrier (Nord-Est), on a eu 3 700 retourné-e-s et pour Cornillon (Ouest), on en a eu 1 611”, poursuit le GARR.
La majorité de ces migrantes et migrants sont originaires de Port-au-Prince, Belladère, Hinche, Thomonde, Jacmel, Cayes, Gonaïves, l’Artibonite, Saint-Marc, Arcahaie et Verrettes. Ils vivaient pour la plupart dans les villes dominicaines de Santo Domingo, San Cristobal, Azua, Elias Piña, Las Matas, Duarte, Barahona, Higuey, Monte Cristi, Santiago, Boca Chica et San Pedro de Macoris.
Les raisons qui expliquent ces vagues de retours spontanés sont multiples. Entre autres, la vitesse de propagation du virus en République Dominicaine et les mesures de confinement mises en place par les autorités de ce pays.
“Les migrantes et migrants rapatriés ou retournés spontanément ont témoigné avoir été victimes de violations de leurs droits. Violences de toutes sortes, menaces, vols, escroquerie, dépossessions de leurs effets, sont parmi les cas rapportés. Certains ont déclaré avoir été contraints de verser de l’argent pour pouvoir traverser la frontière par des sentiers détournés ou dans les bois. Ils ont été aussi contraints de payer beaucoup plus cher pour le transport”, raconte le GARR.
Face à cette nouvelle réalité marquée par la COVID-19, le GARR encourage les États de l’île à continuer à travailler ensemble pour freiner la propagation du virus pour le bien-être des deux peuples voisins et le respect des droits humains des personnes migrantes. L’organisation espère qu’avec le prochain gouvernement dominicain, les dossiers binationaux, notamment la régularisation des migrants haïtiens, la migration, seront traités en tenant compte des principes fondamentaux de droits humains.