En Géorgie, la société civile, proeuropéenne, attaquée avant des élections cruciales

En Géorgie, la société civile, proeuropéenne, attaquée avant des élections cruciales

Un rassemblement proeuropéen avant les élections législatives en Géorgie, à Tbilissi le 20 octobre 2024. VANO SHLAMOV / AFP « La Géorgie choisit l’Europe. » Six jours avant des élections législatives cruciales pour l’avenir du pays, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Tbilissi sous ce slogan, dimanche 20 octobre, pour clamer leur aspiration à

Un rassemblement proeuropéen avant les élections législatives en Géorgie, à Tbilissi le 20 octobre 2024.

« La Géorgie choisit l’Europe. » Six jours avant des élections législatives cruciales pour l’avenir du pays, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Tbilissi sous ce slogan, dimanche 20 octobre, pour clamer leur aspiration à rejoindre l’Union européenne (UE). Les 3,7 millions d’habitants de cette ancienne république soviétique du Caucase sont appelés à voter, samedi 26 octobre, lors de ce scrutin considéré comme un choix entre l’UE et la Russie. Le parti au pouvoir, Rêve géorgien, qui a opéré un rapprochement spectaculaire avec Moscou après l’invasion russe de l’Ukraine, en février 2022, espère remporter un quatrième mandat face aux formations d’opposition, proeuropéennes.

La foule réunie dimanche « montre que la Géorgie a déjà gagné et qu’elle va réintégrer l’Europe », a lancé la présidente de la République, Salomé Zourabichvili. La dirigeante proeuropéenne, en rupture avec le gouvernement, a envoyé un mot de solidarité à la présidente sortante moldave, la proeuropéenne Maia Sandu, qualifiée le jour même au second tour de la présidentielle, et dont le pays est lui aussi en lutte contre les ingérences russes. Elle s’est aussi adressée au chef de l’Etat ukrainien, Volodymyr Zelensky : « Vous vous battez également pour la Géorgie. Vous serez victorieux et nous entrerons ensemble dans l’Union européenne. »

Après l’Ukraine et la Moldavie, la Géorgie a obtenu, en décembre 2023, le statut de candidat officiel à l’UE. Mais depuis l’adoption, en mai, de la loi controversée sur « l’influence étrangère », elle se détourne ouvertement de l’UE pour revenir dans le giron de la Russie, dont les troupes occupent 20 % du territoire depuis la guerre de 2008. Cette réorientation géopolitique s’accompagne d’atteintes à la démocratie à un niveau sans précédent, selon les défenseurs des droits humains, au risque de compromettre l’intégration européenne, inscrite dans la Constitution. Le texte sur « l’influence étrangère », calqué sur une loi russe de 2012, vise à réduire au silence les médias indépendants et la société civile. Cette dernière, puissante, fait figure de dernier rempart contre la dérive autoritaire du gouvernement – dirigé dans l’ombre par l’oligarque milliardaire Bidzina Ivanichvili – tant l’opposition est affaiblie.

Mises en garde

A quelques jours du scrutin, le Conseil européen a fait part, le 17 octobre, de sa « grave préoccupation concernant la ligne de conduite adoptée par le gouvernement géorgien, qui va à l’encontre des valeurs et des principes sur lesquels l’UE est fondée ». Dans leurs conclusions, publiées à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles, les Vingt-Sept mettent en garde : « Une telle action met en péril la voie européenne de la Géorgie et interrompt de facto le processus d’adhésion. » Ils appellent Tbilissi à « adopter des réformes démocratiques, globales et durables » et réaffirment leur « soutien au peuple géorgien », dont 80 % se disent favorables à l’intégration européenne, selon les sondages.

Il vous reste 55.28% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Laisser un commentaire

Votre adresse électronique ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'un *