En pleine crise, Rosny Cadet demande à Jovenel Moïse d’être attentif au cri de la jeunesse

En pleine crise, Rosny Cadet demande à Jovenel Moïse d’être attentif au cri de la jeunesse

Son Excellence Monsieur Jovenel MOÏSE
Président de la République d’Haïti
Au Palais National ;

Monsieur le Président,

Aujourd’hui, nous sommes en train de vivre l’une des situations les plus difficiles de notre histoire de peuple. Cette situation est marquée par une crise sans précédente pour notre jeune démocratie. Elle est caractérisée notamment par l’instabilité politique, la violence généralisée sur tout le territoire, l’incapacité à renouveler le personnel politique et la corruption. Cette situation occasionne une chute accélérée de notre monnaie nationale, une dégradation des conditions de vie de la population et un taux de chômage de plus en plus grandissant.
Cette situation ne cesse d’interpeller les couches vitales de la nation,et parmi elles, la jeunesse haïtienne. C’est donc en tant que Jeune Président de la République que je vous adresse cette lettre, non seulement parce que je suis moi-même interpellé par cette situation, mais aussi parce que je me rends compte que nous sommes déjà au bord du chaos et que cela nécessite des efforts surhumains pour sortir Haïti de l’abysse.

Monsieur le Président,

Point n’est besoin de vous rappeler que l’heure est grave, nos institutions perdent toutes leurs dimensions symboliques. À l’heure où les autres nations sont en train de réfléchir sur l’avenir de leur pays, de leur jeunesse et des générations futures, nous en tant que jeunes, nous devrions porter nos préoccupations sur les grands défis de l’heure tels que : les grandes innovations, la technologie, l’énergie renouvelable, etc. Nous devrions aussi, à l’heure actuelle, bénéficier d’une éducation de qualité, de l’accès à l’emploi et aux crédits, de la mobilité des jeunes dans l’espace caribéen, entre autres. Malheureusement nous ne savons pas de quoi notre demain sera fait.

Monsieur le Président,​

S’il est vrai que les protagonistes de cette crise luttent tous, pour un demain plus prometteur, il n’est pas moins vrai que ce demain appartient aux jeunes. Et cette jeunesse, de plus en plus dans les rues aujourd’hui, est en train d’écrire cette page de son avenir, en exigeant une meilleure condition de vie sociale, en rejetant la corruption, l’inégalité sociale, l’injustice, l’impunité, le chômage et l’insécurité.

Cette jeunesse à laquelle j’appartiens, Monsieur le Président, est en train de signifier son désaccord à ce système incapable de faire prospérer la nation, mais apte à reproduire la misère. Elle veut être partie prenante de cette nouvelle direction que doit prendre la barque nationale. Elle s’est invitée au cœur des débats politiques et personne ne saurait l’ignorer aujourd’hui. Elle s’attaque à cette configuration socio-économique et politique féroce qui ne cesse de broyer son avenir et celui de la génération future. Soyez attentif à son cri de désespoir !

Monsieur le Président,

Parce que vous avez accédé à la magistrature suprême de l’État, la constitution fait de vous le premier garant de la bonne marche de nos institutions, et à l’heure actuelle, n’importe quel observateur peut constater que nos institutions sont à genoux quand elles ne sont pas inexistantes. Le parlement est décrié, l’appareil judiciaire est lié et ne peut pas rendre justice à qui de droit, l’exécutif pour sa part peine à se reconstituer. En somme, le pays n’est pas dirigé. Son excellence, la nation attend que vous soyez à la hauteur des défis de l’heure. Ce moment qui pourrait être l’ultime occasion pour vous de marquer à tout jamais l’histoire de ce pays ne devrait pas vous échapper, de peur que demain ne soit définitivement trop tard.

Ayant foi que vous allez porter attention à ma lettre, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée.

Rosny CADET

Jeune Président de la République

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