En Turquie, le meurtre d’une fillette met en lumière le silence des autorités sur les disparitions d’enfants

En Turquie, le meurtre d’une fillette met en lumière le silence des autorités sur les disparitions d’enfants

Les funérailles de Narin Guran, 8 ans, dans le village de Tavsantepe, dans le Sud-Est anatolien, en Turquie, le 9 septembre 2024. SERTAC KAYAR / REUTERS Barbancourt le rhum des connaisseurs Bien plus qu’un fait divers, c’est une histoire sordide et tragique qui a pris l’ampleur d’une véritable affaire nationale. Depuis la disparition, le 21 août, de la

Les funérailles de Narin Guran, 8 ans, dans le village de Tavsantepe,  dans le Sud-Est anatolien, en Turquie, le 9 septembre 2024.

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le rhum des connaisseurs

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Bien plus qu’un fait divers, c’est une histoire sordide et tragique qui a pris l’ampleur d’une véritable affaire nationale. Depuis la disparition, le 21 août, de la petite Narin Güran, 8 ans, et la découverte dix-neuf jours plus tard de son corps sans vie, enveloppé dans un sac plastique immergé dans la rivière de son village, la Turquie semble saisie de vertiges. Il ne se passe pas une semaine sans un nouveau communiqué des enquêteurs, pas un jour sans un rebondissement, pas un journal ou une émission d’information sans que soit annoncée ou dénoncée la responsabilité d’un ou de coupables.

Dès l’alerte de la disparition de la petite fille dans son village de Tavsantepe, situé à quinze minutes en voiture au sud de Diyarbakir, la capitale régionale du Sud-Est anatolien à majorité kurde, la police a lancé les recherches. Narin avait été vue pour la dernière fois, dans l’après-midi, sur le chemin de la maison qu’elle avait emprunté après avoir assisté à un cours d’études coraniques.

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Très vite, son visage tout sourire se répand sur les réseaux sociaux. La colère publique s’exprime, elle, dans les rues des grandes villes où plusieurs manifestations ont lieu.

Le débat sur les disparitions d’enfants prend une tournure politique lorsque des quotidiens d’opposition rappellent que le village de Tavsantepe soutient traditionnellement le Hüda Par, le parti islamique kurde dont les origines remontent au Hezbollah turc (nommé ainsi par opposition au Hezbollah libanais, créé à la même période, en 1984), un groupe extrémiste religieux impliqué dans des assassinats politiques dans les années 1990 et 2000. Une époque où plusieurs de ses cellules auraient été actives à Tavsantepe. Allié de la coalition gouvernementale depuis 2023, le Hüda Par est aujourd’hui surtout connu pour ses violentes diatribes contre les droits des femmes et l’égalité de genre.

Nouvelles polémiques

Dans les instants qui ont suivi la découverte du corps de Narin, deux déclarations ont, coup sur coup, provoqué de nouvelles polémiques. S’exprimant devant l’Institut de médecine légale de Diyarbakir, après avoir rendu visite aux proches de la victime, Vedat Turgut, candidat Hüda Par dans un des arrondissements de la ville aux municipales de mars, a affirmé sur un mode accusateur : « Ceci n’est pas notre culture, ceci est la culture de l’Europe, de l’Amérique et d’Israël. »

Sur Sözcü TV, Galip Ensarioglu, député local de l’AKP, le parti au pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan, a quant à lui expliqué avoir « une amitié de quarante ans avec la famille » et que, « parfois, il y a des choses que nous ne savons pas, et parfois nous savons mais nous ne devrions pas le dire ». Des propos qui, en dehors de leur côté intrigant, ont fait craindre que les autorités ne cherchent à étouffer l’affaire. L’élu a expliqué plus tard ne pas avoir été compris.

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