Dans la déclaration du ministre indien des affaires étrangères, lors d’une réunion avec les ministres des affaires étrangères des BRICS (Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde et Russie), le jeudi 1er juin 2023, au Cap en amont d’un sommet en août dont les préparatifs sont dominés par la question de la venue ou non en Afrique du Sud de Vladimir Poutine sous peine d’être arrêté à la demande de la CPI, où ils ont appelé à un « rééquilibrage » de l’ordre mondial, ne pourrait-on y voir aussi le signe d’une tendance vers un grand basculement entre l’Inde et les États-Unis si l’on compare cette récente déclaration à celle du premier ministre indien le 8 novembre 2004 ?
« Le monde est multipolaire, il se rééquilibre et les anciennes méthodes ne peuvent pas répondre aux nouvelles situations », a déclaré le ministre indien des affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, à l’ouverture de la réunion.
Tandis que le Premier ministre Manmohan Singh déclarait le 8 novembre 2004 : « …Il faut regarder la réalité en face. Les relations internationales sont affaire de puissance et les puissances ne se valent pas. On n’échappe pas à la réalité. Il faut utiliser le contexte international au mieux de
nos intérêts. Il est indispensable de se rapprocher des Etats-Unis. Les Etats-Unis jouent un
rôle de premier plan dans l’économie mondiale et la politique internationale. Nous ne pouvons pas l’ignorer ».
Cette déclaration révèle non seulement la justification d’une politique pro-américaine mais également l’adoption par l’Inde de l’approche réaliste en relations internationales. Pourtant, en moins d’une vingtaine d’années (2004-2023), tout tend pour l’Inde vers un grand basculement c’est-à-dire qu’il peut aujourd’hui se passer des États-Unis et que la première économie mondiale dépend aussi d’elle dans pas mal de domaines, voire même pour contrecarrer la puissance de la Chine dans l’Indo-pacifique. Pas seulement ça mais la cinquième économie mondiale s’impose plus que jamais comme un contrepoids dans les luttes de pouvoir entre les États-Unis, la Chine et la Russie.
Il est aussi à souligner que selon les prédictions du FMI, elle pourrait rattraper l’Allemagne dès 2027 et le Japon en 2028, ce qui la placerait éventuellement en troisième position derrière les États-Unis et la Chine. Si ces prédictions se réalisent, nous ne serons pas alors trop loin d’un grand basculement dans l’économie mondiale où il y aurait un risque de plus en plus croissant à ce que les États-Unis voient ravir sa première place au profit soit de la Chine ou l’Inde. Le temps pourrait être réduit par rapport à la volonté du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud (BRICS) qui ont intensifié leurs efforts pour lancer une monnaie alternative tant au dollar américain qu’à l’euro.