Evens Jean Baptiste, originaire de Pilate, dans le département du Nord, est un homme de Dieu, un père de famille, et un artiste accompli. L’aîné de sa fratrie, il incarne rigueur et positivité. Son parcours dans le monde artistique, notamment en tant que musicien et acteur, est le fruit d’un travail acharné et d’une discipline sans faille.
Le théâtre et le cinéma ont joué un rôle déterminant dans sa carrière. C’est d’abord au sein d’un groupe théâtral local de Pilate, où il se produisait chaque dimanche dans la salle paroissiale de Ravine Trompette, qu’il a fait ses premières armes. Ce fut un début modeste, mais déterminé. Plus tard, à Port-au-Prince, un ami, Éric Junior Prévost, l’a introduit au groupe dirigé par Sidney Louis, qui comprenait à la fois une troupe de théâtre et un feuilleton télévisé.
«Dans un premier temps, j’ai joué plusieurs pièces de théâtre avec le groupe, après j’ai rejoint l’équipe du feuilleton pour une nouvelle saison, et après j’ai enchaîné les rôles dans les longs métrages», raconte Evens.
Le théâtre, une passion transmise
La passion pour l’art dramatique d’Evens Jean Baptiste a commencé dès son enfance. Son premier mentor fut son père, musicien et passionné de théâtre, qui lui enseigna les bases de la scène dans leur ville natale. Quelques années plus tard, l’acteur Hervé Denis, une figure incontournable du théâtre haïtien, lui transmettra les techniques qui faciliteront sa pratique théâtrale. Sidney Louis, surnommé Pè Toma, fut également un pilier dans l’évolution de son jeu d’acteur.
Parmi les rôles marquants d’Evens, il cite Mouche Defas, une adaptation haïtienne de Tartuffe de Molière, où il incarnait le personnage principal. Il a également joué un rôle clé dans l’adaptation théâtrale du feuilleton Pè Toma, intitulée “Qui sera la mariée ?”. De 2007 à 2009, il a parcouru le pays avec la troupe de Sidney Louis, jouant dans de grandes salles comme le Ciné Paramount, le Rex Théâtre et le Théâtre National.
Du théâtre au cinéma, une transition bien pensée
Evens Jean Baptiste attribue son passage au cinéma à son expérience théâtrale. Il explique: «Je pense que le théâtre m’a tout simplement conduit vers le cinéma. Grâce au théâtre et au feuilleton télévisé, certains réalisateurs ont pu repérer mes talents d’acteur et ça m’a ouvert des portes dans le monde du cinéma.» Mais l’adaptation n’a pas été simple. Il évoque la différence marquée entre les techniques de scène et celles du cinéma, mais souligne que certaines règles, comme l’intonation, les gestes, la règle des trois unités et autres, demeurent similaires.
Pour ses premiers rôles à l’écran, il cite:
- Frantz dans Pè Toma, réalisé par Raphael Stines (TNH) ;
- Tcholo dans le court-métrage Désillusion, réalisé par René Durocher ;
- James dans ProsAmeres, sous la direction de Hérold Israël ;
- Un rôle dans Le Président a-t-il le sida ?, produit par le Centre Pétion Bolivar et réalisé par Arnold Anthonin ;
- Bilio dans le récent July 7, un long-métrage réalisé par Robenson Lauvince.
Le cinéma haïtien et la scène internationale dans le parcours artistique d’Evens
Selon Evens, c’est surtout grâce au feuilleton Pè Toma, où il tenait le rôle principal, qu’il a réellement percé auprès du grand public. «j’étais au centre de l’attention et j’ai plu au public», déclare-t-il. En parallèle de sa carrière, il prend un grand plaisir à regarder beaucoup de films parce qu’il aime regarder les techniques de jeu, le contenu, la qualité audio-visuelle des œuvres.
Ses influences, tant locales qu’internationales, sont nombreuses. Parmi les acteurs étrangers qui l’inspirent, il cite Denzel Washington, Sean Connery, Djimon Hounsou, Will Smith et Brad Pitt. Du côté haïtien, il admire Jean-Claude Joseph (alias Papa Pye), Sandy Clairssaint (alias Dubreus), Théodore Beaubrun (alias Languichatte Debordus), Fabienne Colas, Paul Henry Athis, Manfred Marcelin, Jacques Bourjolly alias Kako, et bien d’autres. En ce qui concerne les réalisateurs étrangers et haïtiens, Evens a une admiration particulière pour Steven Spielberg, Francis Ford Coppola, Richard Senecal, et Robenson Lauvince.
July 7, un projet majeur
Actuellement, Evens Jean Baptiste se trouve à un tournant majeur de sa carrière, avec un projet d’envergure : July 7, un film qui retrace l’assassinat de l’ex-président Jovenel Moïse, survenu le 7 juillet 2021. Ce long-métrage, prévu pour une première en 2025, durera deux heures et impliquera une pléiade d’acteurs, dont Fresnel Larosilière, Paul Henry Athis, Raquel Pélissier, Jimmy Jean Louis, et Eddy François. Le film est produit par Robenson Lauvince, et aborde plusieurs aspects de la réalité sociale, culturelle, politique et économique du pays.
Une carrière en constante évolution
En parallèle de ses projets artistiques, Evens Jean Baptiste a su évoluer dans sa carrière, notamment aux États-Unis, où il continue de se former pour s’adapter au marché international. «j’ai dû évoluer avec ma nouvelle réalité et j’ai fait ce qu’il fallait quand j’ai laissé le pays pour me mettre à niveau sur le marché international», confie-t-il.
Avec un parcours marqué par la passion et la discipline, Evens Jean Baptiste s’impose comme une figure incontournable du cinéma haïtien et continue de s’ouvrir à de nouvelles perspectives sur la scène internationale.