Fanmi Lavalas et le double jeu politique autour du Conseil présidentiel de transition

Fanmi Lavalas et le double jeu politique autour du Conseil présidentiel de transition

Face à une Haïti submergée par l’insécurité, la corruption et les crises humanitaires, Fanmi Lavalas, l’un des partis politiques les plus influents du pays, dénonce dans une note officielle l’échec du Conseil présidentiel de transition (CPT) et du gouvernement d’Alix Didier Fils Aimé. Pourtant, cette dénonciation met en lumière un paradoxe troublant : Fanmi Lavalas critique une structure dirigée par l’un de ses propres représentants, Leslie Voltaire, président du CPT.

Ce double jeu politique, où le parti se présente à la fois comme accusateur et participant, illustre une stratégie qui, bien qu’efficace pour détourner la colère populaire, soulève des questions sur la sincérité et la responsabilité de Fanmi Lavalas.

Dénoncer sans agir : une stratégie de dédouanement

Dans sa note publiée le 13 décembre 2024, Fanmi Lavalas condamne les récents massacres perpétrés par des gangs armés, notamment à Wharf Jérémie (6 et 7 décembre) et à Petite Rivière de l’Artibonite (10 décembre) par le gang Gran Grif. Le parti qualifie ces tragédies d’exemples flagrants de l’échec du CPT et de l’incapacité du gouvernement à répondre aux défis de l’insécurité.

Cependant, malgré cette dénonciation, Fanmi Lavalas n’a pas demandé à son représentant, Leslie Voltaire, de démissionner du Conseil présidentiel de transition. Ce silence contraste fortement avec leur critique acerbe de la gestion actuelle. En pointant du doigt l’échec du CPT, le parti se dédouane publiquement tout en restant associé à une structure qu’il juge défaillante.

Un héritage de contradictions

Cette posture ambivalente n’est pas nouvelle pour Fanmi Lavalas, un parti habitué aux jeux d’équilibriste dans la sphère politique haïtienne. En participant activement au processus de transition tout en dénonçant son inefficacité, le parti tente de maintenir une position favorable auprès de l’opinion publique, sans pour autant assumer pleinement sa part de responsabilité dans l’échec de ce processus.

Le problème, c’est que cette stratégie renforce la perception d’un manque de sincérité. Comment un parti qui déplore l’inaction et l’inefficacité peut-il rester muet sur la responsabilité de son propre représentant à la tête de la structure qu’il critique ?

Un double jeu dangereux pour la crédibilité politique

Fanmi Lavalas doit comprendre que ce type de stratégie ne fait qu’alimenter le cynisme des citoyens envers la classe politique. En refusant d’exiger des changements clairs ou des actions concrètes de la part de son propre représentant, le parti se met dans une position où il apparaît comme complice tacite des échecs qu’il dénonce.

La population haïtienne, fatiguée par les promesses non tenues et les discours creux, mérite mieux que des jeux politiques. Si Fanmi Lavalas veut réellement répondre aux attentes du peuple, il lui faudra aller au-delà des déclarations et prendre des mesures courageuses, à commencer par exiger des résultats concrets de son représentant au CPT ou, à défaut, sa démission.

Une crise qui exige des actions, pas des discours

L’insécurité, la pauvreté, et les déplacements massifs de population sont des réalités qui ne peuvent être ignorées. Les citoyens haïtiens vivent dans une peur constante, et les institutions, qu’il s’agisse du CPT ou du gouvernement, semblent incapables de répondre à leurs besoins.

Fanmi Lavalas doit choisir : continuer à jouer ce double jeu politique ou devenir une véritable force de changement. La crédibilité politique du parti en dépend, tout comme l’espoir d’un avenir meilleur pour Haïti.

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