Dans un communiqué publié ce mardi 4 juin 2024, Amnesty International a exprimé de sérieuses préoccupations quant au manque de transparence entourant les garanties en matière de droits humains pour la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) en Haïti, qui devrait arriver dans les prochaines semaines.
« Il est impératif de garantir que toute action entreprise par cette mission multinationale dirigée par le Kenya et soutenue par les États-Unis et d’autres pays soit strictement conforme au droit international des droits de l’homme, tel que mandaté par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Un faux pas à cet égard serait dévastateur pour les droits du peuple haïtien », a déclaré Ana Piquer, directrice pour les Amériques à Amnesty International.
Piquer a rappelé les précédentes missions de sécurité en Haïti, marquées par des violations des droits humains et une impunité généralisée. Elle a insisté sur la nécessité de prendre toutes les mesures préventives avant et pendant le déploiement pour éviter que l’histoire ne se répète.
Malgré les exigences de la résolution 2699 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui autorise la mission et oblige les États membres participants à garantir des normes de transparence élevées, Amnesty International souligne le manque de détails publics sur les règles, les procédures, la structure, et les mécanismes de responsabilisation pour enquêter sur les violations des droits de l’homme, notamment l’exploitation et les abus sexuels.
«Outre les procédures de contrôle, le personnel de la mission devrait recevoir, avant le déploiement et sur le terrain, une formation complète sur les principes fondamentaux des Nations Unies, la législation sur les droits de l’homme, la prévention de l’exploitation et des abus sexuels, la protection des civils et des enfants», a ajouté la directrice pour les Amériques à Amnesty International. Elle a également insisté sur la nécessité d’un mécanisme indépendant pour recevoir les plaintes, enquêter sur les allégations de violations, statuer sur les réparations et renvoyer les cas devant des juridictions appropriées.
Amnesty International considère essentielle la participation des organisations haïtiennes, en particulier les organisations féministes, à ce processus, tout en soulignant que la mémoire collective de la société civile et la connaissance d’une série d’actions ayant souvent conduit à des abus et à d’autres actes répréhensibles doivent être prises en compte tout au long du processus de définition et de mise en œuvre des garanties des droits de l’homme dans la MMSS.