Sur la place Coimbra de Poitiers, vendredi 1er novembre, dans le quartier populaire des Couronneries, neuf adolescents serrés les uns contre les autres marchent sans but précis sous le soleil. Les visages sont fermés, presque hagards. Certains d’entre eux étaient au même endroit, la veille au soir, lorsqu’un homme a tiré plusieurs coups de feu à
Sur la place Coimbra de Poitiers, vendredi 1er novembre, dans le quartier populaire des Couronneries, neuf adolescents serrés les uns contre les autres marchent sans but précis sous le soleil. Les visages sont fermés, presque hagards. Certains d’entre eux étaient au même endroit, la veille au soir, lorsqu’un homme a tiré plusieurs coups de feu à quelques pas, provoquant de fortes tensions qui ont amené le ministre de l’intérieur à parler improprement d’une rixe impliquant « plusieurs centaines de personnes ». L’un des garçons, qui refuse de s’exprimer, désigne l’arrière gauche de son crâne en guise de réponse. Une plaie ronde apparaît sous ses cheveux. Il fait partie des cinq adolescents, tous nés en 2008 ou 2009, ayant été touchés par les tirs. Légèrement blessé, comme trois autres, il a pu sortir de l’hôpital à l’aube.
Le dernier, Anis S., âgé seulement de 15 ans, n’a pas eu la même chance. L’une de balles de l’arme semi-automatique utilisée par le tireur l’a atteint à la tête. Hospitalisé en urgence absolue, il est en état de mort cérébrale. A son évocation, les adolescents du groupe sortent un instant de leur mutisme pour préciser qu’Anis n’avait « rien à voir » avec quelque trafic de drogue. Avec des réponses vagues et courtes, ils évoquent, peu pressés d’entrer dans les détails, la piste d’une « embrouille », d’une « dispute ». Puis disparaissent.
Jeudi à 22 h 45, trois hommes sont arrivés en voiture dans le quartier et se sont garés à l’arrière de la place Coimbra, vaste parking et lieu de rassemblement populaire des Couronneries – un grand marché s’y tient le dimanche. Par une travée dans la galerie commerciale qui s’étire sous forme d’arcade, l’un d’entre eux a surgi et ouvert le feu en direction de la terrasse d’un restaurant à kebab, très fréquenté par des jeunes, dont certains sont connus des autorités pour être impliqués dans le trafic de drogue.
« C’est une histoire de territoires »
Selon Cyril Lacombe, le procureur de la République de Poitiers, l’auteur des violences, qui était officiellement toujours « en cours d’identification », vendredi après-midi, et activement recherché, « était présent depuis quelques semaines » seulement à Poitiers. Il « se serait livré à la vente de produits de stupéfiants sur le secteur des Couronneries dans les jours précédents ». Lors d’une perquisition menée dans ce qui pourrait être son habitation, les éléments d’une arme démontée et plusieurs munitions ont été retrouvés. « C’est un type qui aurait voulu implanter son trafic aux Couronneries, mais qui se serait fait humilier il y a quelques jours par des habitants et aurait voulu se venger. C’est une histoire de territoires », avance une source proche du dossier.
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