Le Fonds monétaire international (FMI) a mis fin à une mission de deux semaines en Haïti qui consistait principalement à évaluer la mise en œuvre du «Staff Monitored Program» (SMP), signé le 25 février dernier.
Conduite par Chris Walker, Chef de mission du FMI pour Haïti, la délégation a visité plusieurs communes du département du Nord et du Nord-Est: Cap-Haïtien, Milot, Caracol, Ouanaminthe et aussi la commune de Port-au-Prince du département de l’Ouest.
La délégation s’est entretenue avec des autorités haïtiennes: Jude Alix Patrick Salomon, ministre de l’Économie et des Finances (MEF), Jean Baden Dubois, gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), et d’autres ministres sectoriels tels celui de Planification et de la Coopération externe (MPCE), des Affaires sociales et de l’Agriculture). Elle s’est également entretenue avec des membres du Parlement haïtien, des représentants du secteur privé et de la Société Civile.
Au terme de cette mission, un communiqué préliminaire a été rendu public. La délégation a fait diverses considérations d’ordre socioéconomique du pays.
“Sur la base des résultats préliminaires, les perspectives de croissance économique restent plutôt bonnes : les activités économiques se sont légèrement accélérées sous l’impulsion de l’investissement public, et la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) devrait s’établir ainsi à environ 2% pour l’année fiscale en cours. L’inflation en moyenne annuelle reste contenue en dessous de 15% . Le déficit du compte courant extérieur de l’année en cours devrait se maintenir à un niveau relativement élevé à environ 4% du PIB en raison des importations liées aux investissements et de l’augmentation des prix internationaux des produits pétroliers et des céréales, les deux principales importations du pays.”
“Les perspectives à moyen terme sont généralement favorables, liées au potentiel de croissance plus rapide d’Haïti que pourrait générer la mise en œuvre envisagée des réformes structurelles, mais les risques pesant sur les prévisions sont significatifs. L’activité économique devrait continuer à s’accélérer en 2019 sous l’effet conjugué des investissements publics et privés. Une réduction du déficit du secteur public non financier devrait permettre au secteur privé de bénéficier de nouvelles opportunités de financement. La réduction du déficit budgétaire devrait également limiter le financement monétaire, qui à son tour devrait réduire les pressions inflationnistes. Cependant, l’économie du pays est sujette à des risques importants, principalement les risques climatiques et ceux liés aux variations des prix des produits pétroliers.”
“Les performances réalisées par les autorités, dans le cadre de leur programme (SMP), ont été en ligne avec les objectifs fixés pour le premier trimestre de 2018. Le déficit budgétaire à fin mars était inférieur à 2,2 % du PIB, après ajustement pour les dépenses de relance suite à l’ouragan Matthew. Tous les repères structurels pour fin mars 2018 ont été mis en œuvre, à l’exception d’un seul, qui a été réalisé avec un léger retard. Tous les objectifs quantitatifs de performance ont également été atteints, à l’exception du plancher de la marge du Fonds de stabilisation des prix du carburant qui a été dépassé en raison de la hausse plus que prévue des cours mondiaux des produits pétroliers. Les politiques économiques solides mises en œuvre par les autorités dans le cadre du programme devraient contribuer à la mobilisation des ressources externes des partenaires techniques et financiers d’Haïti.”
“La mission du FMI et les autorités se sont accordées sur les mesures budgétaires pendant l’année fiscale en cours afin d’atteindre les objectifs du programme. Ces mesures devraient permettre de créer l’espace budgétaire nécessaire au financement des programmes sociaux et d’accroître les investissements publics, en particulier dans les secteurs de la santé, l’éducation et les services sociaux. Ces mesures devraient également contribuer à contenir le déficit budgétaire à un niveau soutenable tout au long du programme, limitant ainsi le besoin de recourir au financement de la banque centrale.”
“La mission du FMI et les autorités ont convenu, de manière spécifique, de la nécessité de renforcer la mobilisation des ressources internes afin de créer un espace budgétaire pour les dépenses prioritaires. Dans ce contexte, la mission du FMI se félicite de l’engagement du gouvernement à éliminer les subventions aux prix du carburant. La mission et le gouvernement se sont également entendues sur l’importance de mettre en œuvre, le plus rapidement possible, des mesures sociales visant à atténuer l’impact de la réforme sur les couches les plus vulnérables de la population.”
“La mission du FMI a félicité les autorités haïtiennes pour les mesures prises dans le secteur de l’électricité afin de contenir les coûts budgétaires liés aux opérations de l’entreprise publique l’Electricité d’Haïti (EDH). En plus de réduire les pertes de l’EDH, ces mesures contribueront à la croissance durable à moyen terme du secteur de l’électricité et à l’amélioration de l’environnement des affaires. La mission a salué les progrès réalisés par les autorités qui ont visé une plus grande transparence dans la gestion des finances publiques et plus particulièrement des comptes publics.”
En dernier ressort, la mission du FMI et les autorités se sont entendues sur la nécessité d’accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles qui sont essentielles pour soutenir la croissance tirée par le secteur privé, générer plus d’emplois et réduire la pauvreté. La mission a également encouragé les autorités à aller de l’avant avec des réformes visant à rationaliser la fiscalité et renforcer les capacités de l’administration fiscale. La mission du FMI et les autorités s’accordent aussi qu’une accélération du rythme de l’investissement direct étranger et de l’investissement public, sera requis pour améliorer durablement le profil de croissance de l’économie Haïtienne.