La Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) dont le déploiement en Haïti est prévu au début de cette année devra faire face à des défis de taille, liés, entre autres, à la réalité des quartiers, la puissance des gangs, la faiblesse de la Police nationale d’Haïti et le contexte politique.
Dans un rapport publié ce vendredi, des experts de l’International Crisis Group ont mis au jour des éléments préoccupants qui risquent de perturber la mission sur le terrain et rendre difficile l’atteinte des objectifs liés notamment aux opérations contre les gangs.
« Les forces étrangères se heurteront à des obstacles opérationnels majeurs lorsqu’elles chercheront à affaiblir l’emprise des gangs en Haïti. Avec une mission prévue de 2 500 à 5 000 personnes – dont toutes ne seront pas des officiers impliqués directement dans des opérations de maintien de l’ordre – le Kenya, les autres pays contributeurs et les autorités haïtiennes devront soigneusement peser leurs priorités stratégiques », préviennent les experts dans ce rapport.
« Compte tenu de sa portée limitée, la mission n’est pas destinée à mettre fin au problème des gangs en Haïti une fois pour toutes. Mais même en cherchant à atteindre un ensemble limité d’objectifs susceptibles d’apporter des améliorations tangibles à la vie de la population – comme la reprise du contrôle des entrées sud et nord de la capitale et le rétablissement de la libre circulation sur ces routes – il faudra, si rien ne change, engager un combat frontal avec plusieurs gangs », anticipent-ils.
Selon le rapport de l’International Crisis Group, les chefs de gang se prépareraient à faire un front commun pour lutter contre la force étrangère, à travers leur mouvement baptisé « Viv Ansanm ».
« En effet, un médiateur entre les coalitions de gangs rivales a montré à Crisis Group des preuves indiquant que les principaux chefs de gangs de la capitale continuent à communiquer entre eux et pourraient être prêts à combattre ensemble la mission étrangère. Des sources indiquent à Crisis Group que si les gangs perçoivent la force kényane comme mal équipée ou mal formée et donc susceptible d’être mise en déroute, ils n’hésiteront pas à l’attaquer », a révélé l’organisation basée en Belgique.
« Dans le même temps, ces chefs de gangs ont également indiqué que, s’ils étaient confrontés à une force qui a la capacité évidente de les dominer, ils seraient prêts à entamer des discussions sur un processus de désarmement. Même les gangs les plus puissants pourraient envisager d’autres options que le combat direct avec la mission internationale et la police locale après un succès opérationnel de la MMSS », a ajouté le rapport de 24 pages environ.