Haïti traverse une période sombre, où l’insécurité semble désormais être la norme plutôt que l’exception.
Cette intervention, loin de restaurer l’ordre, soulève davantage de questions que de réponses. Pourquoi ces forces sont-elles venues en Haïti ? Quelles sont leurs véritables intentions ? Et surtout, pourquoi l’insécurité ne fait-elle que croître en dépit de ces présences militaires étrangères ?
L’insécurité qui gangrène Haïti n’est pas un phénomène nouveau. Depuis des années, le pays est pris en otage par des groupes armés qui se renforcent à mesure que l’État faiblit. Les gangs, jadis contenus dans les zones les plus démunies, s’aventurent désormais en plein jour dans les quartiers autrefois sécurisés, démontrant une audace qui défie toute logique. Les citoyens haïtiens, lassés de vivre dans la peur, se demandent : les bandits prennent-ils confiance en raison de cette présence militaire ? Se sentent-ils protégés ou soutenus par ces forces étrangères ?
Il est légitime de se poser la question. Les forces de Kenny Lila, venues officiellement pour apporter leur aide, semblent être devenues des spectateurs passifs, voire complices, de la dégradation continue de la sécurité dans le pays. Leur présence n’a en rien affaibli la mainmise des gangs ; au contraire, elle semble avoir encouragé une montée en puissance des activités criminelles. Ces forces, censées stabiliser, semblent au contraire catalyser l’effondrement.
La situation actuelle montre que les bandits se sentent de plus en plus invulnérables. Ils agissent sans crainte, car ils perçoivent clairement l’incapacité – ou peut-être la réticence – des forces locales et étrangères à les contrer efficacement. Leurs actions de plus en plus audacieuses en sont la preuve. Comment expliquer autrement cette confiance démesurée des criminels, si ce n’est par une complicité tacite ou un laxisme inacceptable de ceux qui prétendent vouloir sécuriser le pays ?
Il est temps que l’État haïtien, avec ou sans l’aide internationale, prenne ses responsabilités. Il ne s’agit plus de se contenter de paroles ou de déclarations d’intention. Il faut des actions concrètes, efficaces, et surtout indépendantes de toute ingérence qui ne vise qu’à affaiblir davantage le pays. Les citoyens haïtiens ne méritent pas de vivre sous le joug de la terreur imposée par des gangs de plus en plus puissants. Ils méritent un État qui les protège réellement, un gouvernement qui agit pour le bien commun et non pour des intérêts étrangers opaques.
En définitive, la question n’est plus de savoir si les forces de Kenny Lila ont fait le bien ou le mal en Haïti. La véritable question est de savoir combien de temps encore Haïti continuera à tolérer cette insécurité galopante sans réagir avec la fermeté nécessaire. Le peuple haïtien a le droit de vivre en paix, et il est grand temps que cet objectif soit poursuivi avec la détermination qu’il mérite.