Haïti, un pays sacrifié sur l’autel des promesses non tenues

Haïti, un pays sacrifié sur l’autel des promesses non tenues

Alors qu’Haïti s’enfonce de plus en plus dans une crise sans précédent, une question taraude presque tous les esprits : pourquoi les États-Unis, censés être nos alliés, continuent-ils à bloquer l’aide de pays qui pourraient véritablement nous aider ? Depuis des décennies, les promesses américaines se succèdent, mais elles ne sont souvent que des illusions qui s’évaporent face à la dure réalité haïtienne.

Les gangs qui contrôlent de larges portions du territoire haïtien sont désormais mieux équipés que les forces de l’ordre. Pour les démanteler, il ne suffit pas de déployer de simples blindés de transport de troupes. Il faut des blindés de combat, des hélicoptères d’intervention, et des équipements à la hauteur de la menace. Pourtant, ce que nous recevons est loin de répondre à ces besoins. Les gangs, voyant l’inefficacité des réponses, gagnent en confiance et s’enracinent encore plus profondément, convaincus que rien de sérieux ne sera fait pour les freiner dans leurs exactions.

Les promesses de soutien à la Police Nationale d’Haïti, depuis l’époque de Michel-Ange Gédéon, n’ont jamais été pleinement tenues. Si les Américains avaient réellement équipé et formé nos forces de sécurité comme ils l’avaient promis, peut-être que nous ne serions pas confrontés à cette situation chaotique aujourd’hui. Au lieu de cela, Haïti reçoit des équipements souvent inadéquats, insuffisants pour faire face à l’escalade de la violence qui ravage notre pays.

Le Premier ministre Garry Conille, lors d’une interview avec la BBC, a exprimé une frustration qui résonne avec celle de tout un peuple. La lenteur de l’aide internationale, particulièrement celle des États-Unis, est inacceptable. Alors que des milliards de dollars sont dépensés pour soutenir l’Ukraine et Israël, Haïti est laissée pour compte, traitée en parent pauvre. Cette inégalité flagrante démontre une fois de plus que notre nation n’est pas une priorité sur la scène internationale, malgré les discours de solidarité.

Des Kényans déployés en Haïti ont reconnu, dans une entrevue accordée en Haïti au journaliste Larry Madowo de CNN, qu’il est plus facile de combattre les gangs haïtiens que les terroristes qu’ils ont affrontés en Afrique. Pourtant, plus d’un mois après leur déploiement en Haïti, sous les empressements des autorités américaines, aucun signal n’est donné. Il n’y a jusqu’à présent aucune tentative pour libérer l’un des grands axes routiers du pays tombés sous l’emprise des gangs depuis des lustres.

Organiser des élections en 2025 semble désormais une mission quasi impossible. Comment pourrait-il en être autrement dans un pays où l’insécurité règne en maître, où les institutions sont affaiblies, et où le soutien international se fait encore attendre ? Le retour de Garry Conille, bien qu’accompagné de garanties américaines, ne suffira pas à inverser la tendance.

Haïti est aujourd’hui à un tournant décisif. Il est temps pour nos alliés, notamment les États-Unis, de passer des paroles aux actes. Si ces derniers continuent à tergiverser, notre pays risque de sombrer davantage dans le chaos, abandonné par ceux qui prétendent vouloir l’aider. L’avenir d’Haïti ne doit pas être sacrifié sur l’autel des promesses non tenues. Il est impératif que la communauté internationale prenne ses responsabilités pour éviter une catastrophe annoncée.