INTERVIEW EXCLUSIVE de HAÏTI 24 avec le PREMIER MINISTRE LAURENT LAMOTHE

INTERVIEW EXCLUSIVE  de HAÏTI 24 avec le PREMIER MINISTRE LAURENT LAMOTHE

Se disant confiant, aujourd’hui comme hier, dans la justice de son pays, l’ancien Premier ministre, Laurent Salvador Lamothe, a répondu le vendredi 30 août aux questions du juge instructeur, Ramoncite Accimé, dans le cadre de l’enquête sur le gaspillage présumé des fonds PetroCaribe. Suite à son audition, l’ex-chef de Gouvernement a, sans langue de bois, accordé une interview exclusive à Haïti 24.

Laurent Lamothe vous étiez au cabinet d’instruction, vendredi, pour être auditionné par le juge Ramoncite Accimé, alors qu’on croyait que vous fuyiez la Justice.

Quel est le message que vous voulez lancer par ce geste ?

Je suis venu et j’ai répondu à l’invitation du juge. En fait, j’ai donné réponse à l’intégralité des questions du magistrat instructeur, puisque je n’ai rien à cacher et n’avais jamais rien à cacher. Souvenez-vous bien que durant toutes les années de mon Gouvernement, chaque mercredi soir, la nation était informée via un débat télévisé (Conseil de Gouvernement) de l’état d’avancement des projets financés à partir des fonds PetroCaribe. Ceci était un signe clair de la transparence qui caractérisait ma gestion en tant que Premier ministre. Pour être très précis, je soulignerai que ‘’43 Conseils de Gouvernement’’ étaient télévisés, justement pour informer les gens en temps réel ; pour dire aux Haïtiens comment était dépensé l’argent PetroCaribe, cela fait quand même cinq (5) ans depuis que j’ai démissionné et on parle aujourd’hui encore des mêmes projets ! Les gens sont peut-être nostalgiques de ces jours de transparence et certains politiciens véreux profitent de l’absence de communication de l’actuelle administration pour occuper malhonnêtement l’espace médiatique et de nous attaquer. Mais ‘’Trou manti pa fon !’’.

Pourquoi pensez-vous être aussi diabolisé par l’opposition politique ?
Malheureusement, l’opinion publique est victime aujourd’hui d’une campagne bien financée de désinformation, d’intoxication orchestrée à des fins politiques. Pour m’écarter et écarter tous ceux et celles qui ont dignement servi leur pays durant les années 2012,2014, des acteurs politiques à visage découvert, d’autres agissant dans l’ombre, se livrent dans un combat sans merci pour tenter d’assassiner notre caractère. Heureusement les faits sont là pour prendre le contrepied de toutes les allégations mensongères qu’ils font circuler dans les médias traditionnels et sur les réseaux sociaux. On se le rappelle, la Cour Supérieure des comptes avait réalisé trois audits de l’intégralité de mes comptes en tant que Premier ministre, ministre des Affaires étrangères et ministre de la Planification. Dans les deux cas, les juges de la CSCCA ont été unanimes à reconnaitre, dans leurs conclusions, que bonne gestion a été faite. Aucun cas de détournement ou de fraude n’a été relevé par la Cour. Donc, les faits parlent plus forts que les mensonges bruyants des politiciens manipulateurs.

Quid des 25 stades construits sous votre Gouvernement ?

Stade, terrain de football, centre sportif…, mes détracteurs peuvent utiliser le mot qu’ils veulent, mais les faits restent et demeurent. Il y a eu des contrats qui ont été signés entre l’Etat haïtien et la firme SECOSA pour la construction d’au moins 25 infrastructures sportives, ou stades, dans plusieurs localités du pays. Précisons que tous contrats ont été paraphés sous l’administration Préval-Bellerive et exécutés par l’administration Martelly-Lamothe pour un montant ne dépassant pas les quelques 20 millions de dollars. Je peux citer les centres sportifs de : Gressier, Verette, Thomonde, Jérémie, Saint Louis du Sud, Cayes Jacmel, Milot, Mont-Organisé, Saint-Louis du Nord, Aquin/Marchand Dessalines, Grande Riviere du Nord, Sainte Thérèse, Thomassin 25, Hinche, Dadadou, Saint-Marc, Léogâne, Miragoâne, entre autres. Quand nous parlons de ‘’stade’’, nous ne prétendons pas qu’il s’agit du stade ‘’Maracaña’’ au Brésil, ni celui de ‘’Bernabéu’’ de Real Madrid. Mais hélas, les manipulateurs de l’opinion utilisent une très basse stratégie pour essayer d’induire les gens en erreur. Mais, il est un fait qu’aujourd’hui, le Championnat national se joue sur les différents centres sportifs en question. Des championnats de vacances s’y sont réalisés également. En votre qualité de journaliste, je vous invite à faire une tournée dans le pays pour voir si ces ‘’stades’’ sont fictifs ou non… Encore une fois, il s’agit d’une vile et triviale stratégie de dénigrement appliquée par des politiciens qui cachent mal leur peur du poids réel de certains hauts fonctionnaires de l’Etat sur l’échiquier politique. En dernier lieu, j’ajouterai que ces détracteurs, ces opportunistes manipulateurs trouvent un terrain propice à leur jeu malsain en raison de l’absence totale de communication de l’actuelle administration.

Quelle est votre appréciation du rapport de la CSCCA ?

Il faut dire que la Cour Supérieure des Comptes a fait un rapport très général. Mais, s’agissant de ma gestion comme à la fois ministre des Affaires Etrangères, ministre de la Planification et chef de la Primature, l’ensemble des dépenses effectuées sous mon Gouvernement ont été étudiées ; et comme je l’ai dit tantôt, les juges de la CSCCA ont été unanimes à reconnaitre que ma gestion a été impeccable. Certes, dans son rapport, la Cour a fait état de certaines irrégularités d’ordre administratif. Mais, s’agissant de ma gestion, aucune accusation de détournement de fonds publics ou de fraude ne me vise personnellement comme tentent vainement de le faire croire les manipulateurs.

Etes-vous favorable à la tenue du Procès PetroCaribe ?

Comme le savez, comme la nation le sait, je suis un homme juste. Avant de parler de procès PetroCaribe, il faut qu’il y ait préalablement une enquête sur la traçabilité des fonds. Ceci permettrait de déterminer si oui ou non il y a eu des détournements, afin d’en fixer les responsabilités. Plus encore, cette enquête permettrait de dire avec exactitude la quantité d’argent qui a été détournée, si détournement il y a bien eu. Donc, c’est le seul moyen d’en finir avec tous les slogans politiques manipulatoires visant à stigmatiser ceux et celles qui à un moment donné de l’histoire avaient servi leur pays. L’affaire PetroCaribe souffre encore d’une politisation à outrance, il faut purement et simplement dépolitiser le dossier pour pouvoir bien avancer.