D’aucuns se posent la question aujourd’hui d’autant que le président de la République est toujours dans l’attente de la ratification du Premier ministre nommé pour relever certains grands défis. Le dimanche 18 août a marqué exactement cinq mois depuis que les députés avaient accordé un vote de censure au Premier ministre, Jean Henry Céant.
Cinq mois donc depuis que le pays n’a pas de gouvernement légitime, mais les parlementaires se montrent peu disposés à aider le président de la République à franchir le cap de l’illégitimité gouvernementale.
Où sont passées les majorités dont disposait le président de la République tant au niveau du Sénat qu’au niveau de la Chambre des députés ? Aujourd’hui, tout indique, du moins en apparence, que Jovenel Moïse ne peut pas trop compter sur ses alliés au Parlement. On se le rappelle, les élus réputés proches de l’occupant du Palais national avaient donné pour le moins deux véritables démonstrations de force.
La première, c’était en février 2018 quand 17 sénateurs, à l’issue d’une séance qualifiée par certains de clandestine, avaient transféré le rapport PetroCaribe à la Cour supérieure des comptes. Il s’agissait pour eux de dépolitiser un dossier utilisé par l’opposition pour tenter de mettre Jovenel Moïse dans ses petits souliers. La seconde démonstration de force allait être donnée plus d’un an après, soit en mars 2019. Cette fois, c’est une majorité forte de 93 députés qui ont renvoyé le Premier ministre, Jean Henry Céant, parce que, disait-on, ce dernier mettait subrepticement le bâton dans les roues du président de la République. Voilà deux majorités de sénateurs et de députés qui, à l’évidence, avaient sorti Jovenel Moïse du pétrin en temps voulu.
Ce lundi 19 août marque exactement 156 jours depuis que le pays ne dispose pas de gouvernement légitime. Ce qui rend boiteuse l’actuelle administration.
Pour consentir de grands débours en faveur d’Haïti, des bailleurs de fonds internationaux, le FMI, la BID, l’Union européenne et même la République de Chine Taiwan posent comme condition sine qua non : la mise en place d’un gouvernement capable d’engager le pays.
Pourquoi les supporteurs de Jovenel Moïse au Sénat et à la Chambre basse ne lui facilitent pas la tâche, alors que le président de la République ne rate pas une occasion d’appeler les parlementaires à ratifier la déclaration de politique générale du Premier ministre nommé, Fritz William Michel ?
En attendant que les supposés proches de l’Exécutif posent cet acte, si toutefois ils entendent s’y appliquer, il est bruit que sénateurs et députés marchandent leur vote. En effet, parce que techniquement la tenue des élections est peu probable cette année, les parlementaires dont le mandat arrive à terme souhaiteraient une rallonge. Ce que Jovenel Moïse semble peu disposé à leur offrir.