Les Roumains ont commencé à voter, dimanche 24 novembre 2024, au premier tour de la présidentielle, à Bucarest, en Roumanie. ANDREEA CAMPEANU / REUTERS Les Roumains ont commencé à voter, dimanche 24 novembre, au premier tour de la présidentielle dans un climat social tendu, qui pourrait favoriser le candidat d’extrême droite et marquer un tournant nationaliste dans
Les Roumains ont commencé à voter, dimanche 24 novembre, au premier tour de la présidentielle dans un climat social tendu, qui pourrait favoriser le candidat d’extrême droite et marquer un tournant nationaliste dans ce pays d’Europe orientale.
Parmi les treize postulants, le chef du parti AUR (Alliance pour l’unité des Roumains) George Simion, 38 ans, apparaît en position de se qualifier pour le second tour, selon les sondages, lesquels le créditent de 15 à 19 %, contre quelque 25 % pour le favori, l’actuel premier ministre social-démocrate (PSD) Marcel Ciolacu, 56 ans.
Avec son discours passionné aux accents mystiques et conspirationnistes, M. Simion a capitalisé, selon les experts, sur la colère des Roumains appauvris par une inflation record (10 % l’an dernier, 5,5 % prévus en 2024).
Son accession au deuxième tour, le 8 décembre, serait un coup de tonnerre dans cet Etat – membre de l’Union européenne et de l’OTAN – de 19 millions d’habitants qui a, jusqu’à présent, résisté aux postures nationalistes, se démarquant de la Hongrie ou de la Slovaquie.
Les bureaux ont ouvert à 7 heures à Bucarest (6 heures à Paris) et ferment à 21 heures. Des sondages à la sortie des urnes sont attendus peu après.
George Simion ne cache par son admiration pour Donald Trump
Après dix ans au pouvoir de Klaus Iohannis, fervent soutien de Kiev et inlassable avocat des valeurs européennes, ce scrutin est porteur de lourds enjeux, même si le poste de président est essentiellement protocolaire.
La Roumanie, qui partage une frontière de 650 kilomètres avec l’Ukraine et est bordée par la mer Noire, joue un rôle stratégique « vital », rappelle dans une étude le groupe de réflexion New Strategy Center. Tant pour l’OTAN, dont elle abrite plus de cinq mille soldats, que pour le transit des céréales ukrainiennes.
« La démocratie roumaine est en danger, pour la première fois depuis la chute du communisme, en 1989 », analyse pour l’Agence France-Presse le politologue Cristian Parvulescu. Avec « une donne qui s’est compliquée » depuis la victoire de Donald Trump aux élections américaines.
George Simion, parfois coiffé d’une casquette rouge siglée Trump, ne cache par son admiration pour le milliardaire et espère profiter de ce vent favorable aux courants ultraconservateurs. Contre toute aide militaire à Kiev, qui l’a banni pour ses activités « anti-ukrainiennes », contre « la bulle corrompue » de Bruxelles, contre les droits des LGBTQIA + : le responsable coche toutes les cases d’une politique nationaliste, prônant une Roumanie « plus patriote ».
Campagne marquée par des polémiques et des attaques
« Nous ne voulons plus être traités comme des citoyens de seconde zone », martèle-t-il, déplorant que la Roumanie n’ait été dirigée que par « des lâches et des larbins » se pliant aux diktats extérieurs. Il a multiplié les voyages en Europe, à la conquête des nombreux membres de la diaspora roumaine.
S’il réalise un bon score, son parti AUR devrait bénéficier d’« un effet de contagion » aux législatives du 1er décembre, entre les deux tours de la présidentielle, pronostique M. Parvulescu.
La campagne a été marquée par une série de polémiques et d’attaques personnelles, le chef de l’extrême droite étant accusé d’avoir rencontré des espions russes, ce qu’il a nié, tandis que le premier ministre est sur la sellette pour des vols controversés en jets privés.
Malgré une faible cote de popularité, Marcel Ciolacu, soucieux de renvoyer l’image d’un homme humble et autodidacte, espère convaincre avec son message de « stabilité ». Sa formation, héritière de l’ancien Parti communiste, structure la vie politique du pays depuis plus de trois décennies au gré de multiples scandales de corruption et gouverne actuellement en coalition avec les libéraux du Pnational libéral.
En troisième position dans les sondages, figure Elena Lasconi, 52 ans, ancienne journaliste et maire d’une petite ville à la tête d’un parti de centre droit, qui pourrait créer la surprise. « Notre meilleur espoir serait peut-être de nous réveiller avec elle au lendemain du premier tour, elle semble la candidate la plus honnête », confie Oana Diaconu, informaticienne de 36 ans.
Laisser un commentaire
Votre adresse électronique ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'un *