La Turquie et la tentation des BRICS

La Turquie et la tentation des BRICS

Le président turc Recep Tayyip Erdogan (à gauche) et son homologue russe, Vladimir Poutine, en marge du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï à Astana, le 3 juillet 2024. SERGEY GUNEYEV / AP Vladimir Poutine a de quoi sourire. Le président russe devait rencontrer, mercredi 23 octobre, à Kazan, sur les rives de la Volga,

Le président turc Recep Tayyip Erdogan (à gauche) et son homologue russe, Vladimir Poutine, en marge du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï à Astana, le 3 juillet 2024.

Vladimir Poutine a de quoi sourire. Le président russe devait rencontrer, mercredi 23 octobre, à Kazan, sur les rives de la Volga, son homologue turc Recep Tayyip Erdogan dans le cadre du sommet annuel des BRICS, dont il est l’hôte jusqu’à jeudi. Une belle prise pour ce club informel qui compte désormais neuf puissances émergentes (aux fondateurs Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud se sont ajoutés l’Iran, l’Egypte, l’Ethiopie et les Emirats arabes unis), résolues à renforcer l’affirmation du « Sud global ».

Bien que la réunion entre les deux dirigeants a officiellement pour objet la coopération énergétique entre les deux pays, le véritable enjeu diplomatique est bel et bien de concrétiser l’adhésion de la Turquie, premier pays membre de l’Alliance atlantique à intégrer, le cas échéant, les BRICS. En septembre, un porte-parole du parti au pouvoir, l’AKP, avait confirmé le souhait de son pays de rejoindre ce groupe alternatif au G7.

La démarche d’Ankara n’est en soi pas une surprise au regard du ton et de la conduite de sa politique étrangère. Elle n’en pose pas moins plusieurs questions. Du côté des Occidentaux, l’entrée potentielle de la Turquie dans les BRICS embarrasse, pour le moins, s’agissant du pilier oriental de l’OTAN. En agissant de la sorte, les dirigeants turcs ne veulent-ils pas faire partie d’un groupement de pays dominé par la Russie et la Chine qui souhaite mettre fin à l’hégémonie de l’alliance occidentale ?

A l’heure de la recomposition des blocs, la voie particulière turque passe ainsi de la posture à l’acte, tant avec Moscou, contre laquelle Ankara n’a jamais pris de sanctions, qu’avec Pékin, dont le pays se rapprocherait, au moins sur le plan économique, grâce à l’adhésion aux BRICS. Il « renforce sa propre main » à un moment où les liens avec l’Occident sont au plus bas, souligne Gönül Tol, directrice du centre d’études turques au Middle East Institute.

Installer son propre pôle de puissance

Selon Ankara, il n’y a aucune contradiction à avoir un pied dans chaque camp. Fin août, peu avant l’annonce de la demande d’adhésion aux BRICS, Recep Tayyip Erdogan avait déclaré que la Turquie ne pouvait atteindre « ses objectifs en se tournant uniquement vers l’Occident ». Le pays devait améliorer simultanément ses relations avec l’Ouest et l’Est afin de devenir un pays fort, prospère et sûr de lui. « Toute autre méthode lui nuira », avait-il assuré. Une manière de signifier qu’Ankara vise à installer sur la scène internationale son propre pôle de puissance, à la périphérie de l’Europe.

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