Lafarge en Syrie : le cimentier demande 200 millions d’euros de réparation à son ex-PDG

Lafarge en Syrie : le cimentier demande 200 millions d’euros de réparation à son ex-PDG

L’ancien PDG du cimentier français Lafarge, Bruno Lafont, présentant les résultats 2014 du groupe lors d’une conférence de presse à Paris, le 18 février 2015. ERIC PIERMONT / AFP Le cimentier français Lafarge, accusé d’avoir payé des groupes djihadistes pour maintenir son activité en Syrie jusqu’en 2014, et son propriétaire suisse Holcim ont demandé, lundi 27 janvier, lors d’une

L’ancien PDG du cimentier français Lafarge, Bruno Lafont, présentant les résultats 2014 du groupe lors d’une conférence de presse à Paris, le 18 février 2015.

Le cimentier français Lafarge, accusé d’avoir payé des groupes djihadistes pour maintenir son activité en Syrie jusqu’en 2014, et son propriétaire suisse Holcim ont demandé, lundi 27 janvier, lors d’une audience, 200 millions d’euros de réparation pour préjudice à son PDG au moment des faits, Bruno Lafont, ainsi qu’à quatre autres personnes.

Lafarge est soupçonné d’avoir versé en 2013 et 2014, via une sous-filiale syrienne, plus de 5 millions d’euros en « taxes » et achats de matières premières à des groupes djihadistes, dont l’organisation Etat islamique (EI), et à des intermédiaires, afin de maintenir l’activité d’une cimenterie à Jalabiya, alors même que le pays s’enfonçait dans la guerre.

L’entreprise, désormais filiale du groupe suisse Holcim, a plaidé coupable aux Etats-Unis pour ces faits en 2022 et a alors payé une sanction financière de 778 millions de dollars.

Holcim et Lafarge se retournent désormais contre Bruno Lafont, PDG du cimentier de 2007 à 2015, et trois autres anciens cadres du groupe, ainsi qu’un businessman syrien. Ils ont demandé lundi devant le tribunal des activités économiques de Paris 200 millions d’euros de réparation du « préjudice subi », à verser solidairement.

« Cette action est délirante »

« Cette action est délirante : personne ici n’a 200 millions d’euros, et Lafarge le sait », s’est indigné à l’audience Me Quentin de Margerie, avocat de M. Lafont. Ce dernier nie avoir eu connaissance des versements en Syrie, et conteste, comme les autres ex-dirigeants, toute implication. Il estime que, après que Lafarge et Holcim ont plaidé coupables en 2022 sans l’en avertir, ils sont allés à l’encontre de sa présomption d’innocence et de sa capacité à se défendre dans les autres procédures qui l’attendent.

Car un procès, au pénal cette fois-ci, attend toujours M. Lafont, Lafarge et sept autres anciens responsables. Ils seront jugés devant le tribunal correctionnel de Paris fin 2025 pour « financement d’entreprises terroristes » et, pour certains, non-respect de sanctions financières internationales.

Selon l’ordonnance de renvoi consultée par l’Agence France-Presse, ils « ont, dans une logique de recherche de profits pour l’entité économique qu’ils servaient, ou pour certains de profit personnel direct, organisé, validé, facilité ou mis en œuvre une politique supposant de faire parvenir un financement aux organisations terroristes ».

Un autre procès pourrait se tenir à une date ultérieure, cette fois devant les assises, pour Lafarge, également poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité, un motif de mise en examen rarissime.

Le tribunal des activités économiques de Paris rendra son délibéré le 1er avril. Il pourrait décider de retarder encore son jugement à une date ultérieure à celle des procès au pénal, comme le demandent Lafarge et Holcim.

Le Monde avec AFP

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