Titulaire d’un Master 2 en Sciences de Gestion de l’Université de Liège et d’une Licence en Sciences économiques de l’Université d’État d’Haïti (UEH), l’ancienne Jeune ministre de la Planification et de la Coopération Externe du Gouvernement Jeunesse d’Haïti et actuel cadre de l’administration publique, Marcna Andy Pierre, veut par son engagement citoyen contribuer à la création d’une nouvelle classe de femmes leaders en Haïti, d’où la création de sa plateforme Demwazèl.
Invitée à dévoiler les idéaux que sous-tendent la fondation de cette plateforme qui aura à intervenir auprès des jeunes filles et femmes, Marcna Andy Pierre présente officielement cette structure au grand public au cours d’un entretien spécial avec notre rédaction dans le de la rubrique “À la rencontre de la jeunesse”.
Haïti 24 : Influente sur les réseaux sociaux, notamment sur facebook. À travers vos discours, l’on comprend vite que vous êtes une défenseure des droits de la femme haïtienne, dites-nous, quelle est l’histoire de Marcna Andy Pierre?
Marcna Andy Pierre : Je suis née, le 11 octobre 1992, à Port-de-Paix, au Nord-Ouest d’Haïti, de deux parents enseignants. Très tôt, la séparation de mes parents boulversa totalement ma vie. C’est alors que je vais vivre avec ma mère. Dynamique et engagée, je suis une jeune militante et activiste très impliquée dans le développement du leadership féminin et la lutte contre la corruption.
Haïti 24 : L’on vous doit la création de Demwazèl, une plateforme nationale et internationale qui œuvre dans le social, mais dites-nous quel est l’objectif spécifique de ladite plateforme ?
M.A.P. : Encourager et aider les filles à libérer leur potentiel. Nous voulons promouvoir l’autonomie des jeunes filles. Les aider à identifier, renforcer, développer leurs talents et leurs compétences dans divers domaines pour devenir actrices du changement et maitresses de leur destin en leur offrant des espaces sains de divertissement qui encouragent l’imagination, la créativité et la solidarité chez les filles. Ce sont là les différents objectifs que nous poursuivons.
Haïti 24 : Quelles sont les motivations qui ont donné naissance à cette plateforme ?
M.A.P. : L’idée de Demwazèl m’est venue après avoir été victime d’abus comme c’est le cas de tant d’autres jeunes filles en Haïti, d’expériences personnelles qui m’ont marquées, mais aussi des observations que j’ai faites dans la ville de Port-de-Paix, où je suis originaire. Avoir l’idée était une chose, trouver l’audace de me lancer en est une autre. Je suis allée parler à des jeunes femmes de mon entourage, dont Stéphanie Boucher, Annie Thamar Garçon, Nerlyne Morel et Johanne Elima qui ont toute de suite adhéré au projet. Et plus tard, elles devenaient co-fondatrices de Demwazèl vu qu’elles étaient là avec moi depuis le début. Sans compter que je me suis donnée pour mission de défendre les droits des femmes et, particulièrement, ceux des jeunes filles vulnérables vivant dans des zones défavorisées.
Haïti 24 : En quoi Demwazèl sera-t-elle profitable à la communauté internationale?
M.A.P. : Pour la communauté internationale, nous pensons renouer des liens avec la terre-mère pour répondre à des défis auxquels sont confrontées nos filles tant ici qu’au Bénin. Ce sera une expérience enrichissante tant pour les filles avec lesquelles nous allons travailler que pour nous. Ça sera aussi, l’opportunité de renouer des liens avec le continent africain. L’Afrique reste une mine de sagesse et les méthodes d’intervention des institutions travaillant avec les filles au Bénin s’en ressentent sûrement. Nous aurons donc beaucoup à gagner à nous inspirer d’elles tout en tenant compte des particularités propres aux deux pays.
Haïti 24 : Nous sommes en début de 2020, quelles sont les perspectives de Demwazèl pour cette année?
M.A.D : Nous comptons commencer à travailler dans certaines écoles de Port-de-Paix et aussi dans des zones reculées défavorisées du pays. Nous interviendrons selon une approche comprenant trois axes : formation, accompagnement, mentorat. Nous nous pencherons aussi sur l’organisation des formations et l’élaboration de plans de partenariats avec des institutions qui se trouvent en Haïti et au Bénin.
Haiti 24 : Parlez-nous du champ d’activités de Demwazèl. Quel sera le travail de Demwazèl au sein de la communauté haïtienne ?
M.A.P. : Notre public cible n’est autre que les jeunes filles, particulièrement celles vivant dans des zones défavorisées. Le travail de Demwazèl s’effectuera sur trois axes : formation, accompagnement, mentorat. Cela veut dire nous espérons renforcer les capacités des filles en leur offrant des outils pratiques favorisant chez elles le goût de la connaissance, de l’autonomie et le besoin de devenir des actrices du changement confiantes en l’avenir.
Haïti 24 : Un dernier mot ?
Marcna Andy Pierre : Nous savons que toutes les conditions sont réunies pour que les jeunes filles baissent les bras, et qu’elles acceptent de vivre dans des conditions infrahumaines sans pouvoir regarder l’avenir avec confiance, mais je veux qu’elles sachent que d’autres filles/femmes sont passées par ces situations, peut-être avec des parcours et des histoires différentes, néanmoins elles se sont battues et certaines se battent encore, je vous invite à vous inspirer de leurs histoires, de leurs motivations. Surtout n’abandonnez pas vos études et donnez toujours la priorité à ce qui vous aidera à devenir des femmes fortes et indépendantes à l’avenir.