L’armée française met fin à sa présence permanente au Sénégal

L’armée française met fin à sa présence permanente au Sénégal

L’ancien camp militaire français de Bel Air, à Dakar, en juin 2010. SEYLLOU DIALLO / AFP Les dernières installations militaires françaises au Sénégal doivent être officiellement restituées à ce pays, jeudi 17 juillet au matin, lors d’une cérémonie historique à Dakar, qui marquera la fin de la présence permanente de l’armée française, non seulement au Sénégal

L’ancien camp militaire français de Bel Air, à Dakar, en juin 2010.

Les dernières installations militaires françaises au Sénégal doivent être officiellement restituées à ce pays, jeudi 17 juillet au matin, lors d’une cérémonie historique à Dakar, qui marquera la fin de la présence permanente de l’armée française, non seulement au Sénégal (où elle est présente depuis l’indépendance, en 1960), mais plus globalement en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Depuis 2022, l’armée française a, en effet, mis fin à sa présence permanente au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad et au Gabon, où sa base s’est muée en « camp partagé » gabono-français axé sur la formation.

Le camp Geille, plus grande installation militaire française au Sénégal (située dans la capitale), et l’escale aéronautique militaire (située à l’aéroport) doivent été restitués à l’Etat sénégalais, jeudi, lors d’une cérémonie en présence du général Mbaye Cissé, chef d’état-major des armées du Sénégal, et du général Pascal Ianni, à la tête du commandement de l’armée française pour l’Afrique. Ce jour marque la fin officielle des éléments français au Sénégal (EFS), qui comprenaient environ 350 militaires ayant pour mission principale de conduire des activités de partenariat militaire opérationnel avec les forces armées sénégalaises.

La présence militaire française au Sénégal reposait depuis 1960 sur des accords de défense et de coopération bilatéraux, avec un « appui à construction » de l’armée sénégalaise entre 1960 et 1974. Après son indépendance, le Sénégal était resté l’un des alliés africains les plus sûrs de la France, ancienne puissance coloniale dominante en Afrique de l’Ouest. Mais les nouveaux dirigeants en fonctions depuis avril 2024 ont promis de traiter désormais la France à l’égal des autres partenaires étrangers, au nom d’une souveraineté recouvrée.

Un « partenariat rénové »

Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, arrivé au pouvoir avec un agenda de rupture, avait annoncé en novembre 2024 la fin de toute présence militaire française et étrangère sur le sol national en 2025. « Le Sénégal est un pays indépendant, c’est un pays souverain et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires dans un pays souverain », avait-il déclaré. M. Faye avait assuré qu’il ne s’agissait pas d’un acte de « rupture » et avait défendu un « partenariat rénové » avec l’ancienne puissance coloniale.

Le retrait français a été entamé en mars et plusieurs installations ont déjà été restituées, depuis, par l’armée française. Mais il avait été acté, côté français, à partir de 2011-2012. En 2011, les forces françaises du Cap-Vert (FFCV), créées en 1974, avaient, en effet, laissé la place aux EFS, ne disposant pas d’unités combattantes mais d’un réservoir d’instructeurs spécialisés. Et en 2012, un changement de la forme du partenariat militaire avait été entériné par la signature du traité instituant un partenariat en matière de coopération militaire entre les deux pays. Depuis, la défense de l’intégrité du territoire est assurée par les seules forces armées sénégalaises.

Le retrait français du Sénégal s’est fait dans la concertation, dans un paysage africain largement défiant envers la présence française. Au Sahel, face à la prise de pouvoir, par des putschs, de juntes devenues hostiles, l’armée française déployée dans la lutte antidjihadiste a dû plier bagage, de gré ou de force. Elle dispose toujours d’une base à Djibouti, qui accueille 1 500 personnes. Paris souhaite en faire un « point de projection » pour les « missions » en Afrique après le retrait de ses forces du Sahel.

Le Monde avec AFP

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