Le Congrès américain bride l’action militaire de Trump contre l’Iran

Le Congrès américain bride l’action militaire de Trump contre l’Iran

(Washington) Le Congrès des États-Unis a définitivement adopté mercredi une résolution visant à limiter une action militaire de Donald Trump contre l’Iran, un camouflet pour le président américain, qui devrait toutefois y opposer son veto. Publié le 11 mars 2020 à 18h04 Mis à jour à 18h39 ✓ Lien copié Francesco FONTEMAGGIAgence France-Presse Le texte

(Washington) Le Congrès des États-Unis a définitivement adopté mercredi une résolution visant à limiter une action militaire de Donald Trump contre l’Iran, un camouflet pour le président américain, qui devrait toutefois y opposer son veto.

Francesco FONTEMAGGI
Agence France-Presse

Le texte présenté par l’opposition démocrate avait déjà été approuvé mi-février par le Sénat, grâce au soutien d’une partie des membres du camp du milliardaire républicain qui dominent la chambre haute. Il a été adopté mercredi par la Chambre des représentants, qui est elle à majorité démocrate, par 227 voix contre 186.

Là aussi, six républicains ont joint leur voix à celles des démocrates.

Il doit maintenant être soumis au président Trump pour promulgation, mais la Maison-Blanche a déjà fait savoir qu’il y opposerait son veto.

Selon cette résolution, le président des États-Unis ne peut pas engager ses militaires dans des « hostilités contre la République islamique d’Iran » ou « toute partie de son gouvernement ou de son armée » sans « autorisation explicite » du Congrès, sous la forme d’une déclaration de guerre ou d’un feu vert spécifique.

Il s’agit d’une réponse parlementaire aux tensions entre les deux pays ennemis, qui avaient atteint leur paroxysme lorsque Washington a tué le 3 janvier, dans une frappe ordonnée par Donald Trump, le puissant général iranien Qassem Soleimani.

Les démocrates et certains républicains avaient exprimé leur inquiétude de voir l’escalade dégénérer en confrontation militaire directe. Mais après une riposte de Téhéran qui a tiré des missiles sur des bases utilisées par l’armée américaine en Irak sans faire de mort, la tension extrême était quelque peu retombée.

Nouvelle escalade en Irak

L’administration Trump affirme que sa « campagne de pression maximale » contre Téhéran, avec des sanctions sans précédent, ainsi que la frappe du 3 janvier, ont « rétabli la dissuasion à l’encontre de la République islamique ».

Mais les attaques contre les forces américaines en Irak, le plus souvent attribuées par Washington à l’Iran ou à ses alliés locaux, n’ont pas totalement cessé.

Des tirs de roquette contre une base militaire en Irak ont même fait mercredi pour la première fois trois morts, dont deux soldats américain et britannique.

Aussitôt après cette attaque – la plus meurtrière recensée contre une base abritant des soldats américains depuis plusieurs années –, des raids aériens ont visé des positions de supplétifs de l’Iran à la frontière entre l’Irak et la Syrie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Cette nouvelle escalade pourrait représenter un test pour la volonté de contrôle du Congrès.

Pour l’élu démocrate Steny Hoyer, « dans de nombreux pays au monde, une seule personne » décide s’il convient d’envoyer des jeunes à la guerre : « ce sont des dictateurs ». « Nos pères fondateurs n’ont pas voulu que des dictateurs dirigent l’Amérique », a-t-il lancé avant le vote.

« Pendant des années, le Congrès a abdiqué ses responsabilités en matière de guerre. Mais maintenant une majorité transversale au Sénat et à la Chambre a clairement statué que nous ne devrions pas nous engager dans des hostilités avec l’Iran sans un vote du Congrès », s’est félicité dans un communiqué le sénateur démocrate Tim Kaine, auteur de la résolution.

Il a souligné que son texte permettait au président de défendre les États-Unis en cas d’attaque.

Selon lui, « si le président Trump est sérieux au sujet de sa promesse de mettre fin aux guerres sans fin, il promulguera cette résolution ».

Or, l’ex-homme d’affaires new-yorkais avait prévenu avant le vote du Sénat qu’une telle loi lancerait « un très mauvais signal » pour la sécurité des États-Unis. S’il confirme son veto, le Congrès ne devrait pas réussir à réunir la majorité qualifiée nécessaire pour passer outre.

L’élu républicain Mike McCaul lui a fait écho en estimant que les « ennemis » de l’Amérique suivaient ce débat de près. « Il faut qu’ils aient bien à l’esprit que s’ils tuent des Américains, ils vont en payer le prix », a-t-il lancé sous les applaudissements nourris de son camp, après avoir salué la mort de Qassem Soleimani.