Le gouvernement Barnier connaît ses premières dissonances

Le gouvernement Barnier connaît ses premières dissonances

Réunion entre le chef du gouvernement, Michel Barnier, et les ministres, à Matignon, le 23 septembre 2024. CYRIL BITTON / DIVERGENCE POUR « LE MONDE » Barbancourt le rhum des connaisseurs Dès ses premiers pas, le jeune gouvernement Barnier s’est pris les pieds dans le tapis, mardi 24 septembre. Le nouveau ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a tenu

Réunion entre le chef du gouvernement, Michel Barnier, et les ministres, à Matignon, le 23 septembre 2024.

Barbancourt

le rhum des connaisseurs

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Dès ses premiers pas, le jeune gouvernement Barnier s’est pris les pieds dans le tapis, mardi 24 septembre. Le nouveau ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a tenu des propos sur l’immigration ou sur la justice que Marine Le Pen ne renierait pas, mais contre lesquels deux de ses collègues se sont élevés. Quant au jeune ministre de l’économie, Antoine Armand, il a de son côté jugé que le Rassemblement national (RN) ne s’inscrivait pas dans l’« arc républicain », ce qui lui a valu les remontrances de la même Marine Le Pen, et un rappel à l’ordre de Michel Barnier. Deux couacs qui disent l’emprise de l’extrême droite sur ce nouvel exécutif.

S’affranchissant de la règle commune édictée par le premier ministre en direction de son gouvernement, celle « d’agir avant de communiquer », Bruno Retailleau est omniprésent dans les médias depuis son arrivée Place Beauvau. Donnant le ton de la période qui s’ouvre : il n’aura « qu’un seul mot d’ordre : rétablir l’ordre », et veut, dit-il, « prendre tous les moyens » pour faire « baisser l’immigration en France ». Nouvelle loi en la matière, réforme de l’aide médicale d’Etat (AME), rétablissement du « délit de séjour irrégulier » supprimé sous François Hollande, contrôles aléatoires aux frontières, « on va aller voir jusqu’où on peut aller », avait-il lancé, lundi soir, sur TF1.

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Les convictions du sénateur vendéen sont parfaitement connues de la classe politique, mais les entendre marteler depuis le ministère de l’intérieur révulse non seulement la gauche, mais aussi une partie de la Macronie. « Retailleau ferait passer Sarkozy pour un gauchiste, persifle le député non-inscrit de la Vienne Sacha Houlié, ancien président (Renaissance) de la commission des lois de l’Assemblée nationale. C’est le retour de la droite Trocadéro ! »

Plus ennuyeux pour la cohésion gouvernementale, le Vendéen a ciblé la justice, appelant à « changer une politique pénale qui, depuis très longtemps, a laissé s’installer ce droit à l’inexécution des peines ». Une pierre dans le jardin de son collègue garde des sceaux, Didier Migaud. M. Retailleau « doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays » et « ça n’est pas toujours exact » de prétendre qu’elle « est lente ou ne condamne pas suffisamment », a répliqué l’ancien député socialiste de l’Isère, se disant « prêt » à avoir « un certain nombre d’échanges avec Bruno Retailleau ».

Si l’affrontement entre justice et intérieur est un classique de la vie des cabinets, la passe d’armes entre les deux hommes fait mauvais effet, alors que le gouvernement est à peine installé, et que Michel Barnier appelait, dimanche soir, à « la cohésion » et à « la fraternité » au sein de son équipe. « Bruno Retailleau a commencé par attaquer la justice parce qu’il n’a pas envie d’attaquer ses policiers, et ne veut pas dire qu’on a un taux d’élucidation calamiteux » (6 % pour les vols, 7 % pour les cambriolages en 2022, selon les statistiques du ministère de l’intérieur), raille l’ancien ministre socialiste de la justice, Jean-Jacques Urvoas.

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