Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a décidé ce vendredi soir de limoger le Premier ministre Garry Conille, après des semaines de tensions sur la question de la direction du gouvernement. Cette action, perçue comme un coup d’État plutôt qu’un simple changement de gouvernance, a rapporté le Miami Herald.
À la suite d’une rencontre entre le CPT et le Premier ministre Garry Conille, le conseil aurait convoqué les responsables des forces de sécurité nationales, dont le haut commandement de la Police Nationale d’Haïti et des Forces Armées d’Haïti. Lors de cette réunion, les dirigeants de ces institutions auraient été informés des changements en cours et auraient été impliqués dans la décision de désigner le remplaçant de Conille.
Malgré plusieurs tentatives de médiation organisées par l’Organisation des États Américains (OEA) pour sauvegarder la transition entre Garry Conille, Leslie Voltaire, et Fritz Alphonse Jean, aucune solution n’a pu être trouvée. Une ultime tentative de médiation, ce vendredi, s’est soldée par la démission de l’un des conseillers de Garry Conille, selon des informations rapportées par le Miami Herald.
Le vendredi 8 novembre, le Conseil a transmis une résolution de destitution de Garry Conille au journal officiel du gouvernement, Le Moniteur, pour publication. Cependant, cette publication tarde encore, car les membres du CPT continuent leurs discussions et devraient se réunir de nouveau ce samedi matin.
Selon le journal floridien, certains diplomates étrangers à Port-au-Prince tentent d’obtenir des concessions de part et d’autre avant la publication officielle de la résolution ou la nomination d’un nouveau Premier Ministre.
«On ne sait pas si les sept membres votants et les deux observateurs du Conseil ont le pouvoir de limoger Garry Conille, un expert en développement de carrière des Nations Unies qui a été désigné fin mai pour diriger la transition. Leur arrivée au pouvoir n’est pas le résultat d’élections ou d’un quelconque article de la constitution haïtienne. Ils ont été formés par un accord politique du 3 avril, forgé par des partis politiques et des organisations civiques haïtiens avec l’aide de Washington et des dirigeants des Caraïbes, suite à la démission forcée du Premier ministre Ariel Henry en mars lors d’une insurrection de gangs», lit-on dans le journal floridien.
Les conseillers de Garry Conille soutiennent que, bien que le CPT assume les fonctions de la présidence, il n’a pas le droit de révoquer le Premier ministre, car l’accord politique du 3 avril n’a jamais été officiellement publié dans Le Moniteur, le journal officiel du gouvernement. De plus, le mécanisme prévu pour évaluer le gouvernement n’a pas encore été instauré. Lors d’une réunion consacrée à la demande de remaniement, Conille a suggéré que le CPT mette en place une entité de surveillance indépendante pour évaluer les performances du gouvernement. Il a souligné que les décisions devraient être basées sur des évaluations objectives.
De son côté, Garry Conille accuse les membres du CPT d’entraver les efforts visant à compléter son gouvernement, notamment en bloquant les nominations de chefs d’agences. En réponse, les membres du Conseil qualifient Conille d’arrogant et d’agressif.
Pendant ce temps, les gangs armés continuent de gagner du terrain dans les villes et quartiers de Port-au-Prince, provoquant des déplacements massifs et aggravant la crise humanitaire. La population est confrontée à la violence, à la famine, et de nombreuses familles sont contraintes de fuir leurs foyers pour se réfugier ailleurs.
Selon le Miami Herald, si le CPT parvient à destituer Conille, cette décision pourrait avoir des répercussions internationales, notamment à l’ONU, où un projet de résolution est en cours d’examen. Celui-ci appelle le Conseil de sécurité à voter pour le déploiement d’une opération de maintien de la paix en Haïti afin de remplacer la force de sécurité multinationale.
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