Lors d’un procès tenu à la Cour pénale internationale de La Haye (Pays-Bas), le 20 novembre 2024. EVA PLEVIER / AFP Les mandats d’arrêt émis mercredi 21 novembre par la Cour pénale internationale (CPI) contre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et son ex-ministre de la défense, Yoav Gallant, marquent un tournant historique. Pour la première fois
Les mandats d’arrêt émis mercredi 21 novembre par la Cour pénale internationale (CPI) contre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et son ex-ministre de la défense, Yoav Gallant, marquent un tournant historique. Pour la première fois depuis la création de la Cour, en 1998, des responsables politiques sont inculpés contre la volonté de leurs alliés occidentaux.
A l’origine des réquisitions, un procureur, Karim Khan, aujourd’hui attaqué de toutes parts, aura donc ouvert une brèche dans laquelle les juges se sont engouffrés. En émettant ces mandats d’arrêt, ces derniers ont renforcé la crédibilité de la CPI en réfutant de facto les accusations de justice à deux vitesses. Même si leur décision n’arrêtera pas les guerres en cours, juges et procureurs se sont attachés au mandat d’une Cour créée pour lutter contre l’impunité d’auteurs de crimes « qui défient l’imagination et heurtent profondément la conscience humaine », comme le dit son statut.
Pendant longtemps, l’institution n’a poursuivi que des responsables africains, se retrouvant alors elle-même au banc des accusés pour avoir soi-disant favorisé des politiques occidentales de « changement de régime » sur le continent. Avec l’inculpation de Vladimir Poutine, en mars 2023, la CPI osait enfin poursuivre le chef d’un pays membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, à la grande satisfaction des Occidentaux, Etats-Unis en tête.
Jamais la CPI n’avait bénéficié d’un tel soutien, politique, financier et judiciaire. Mais l’inculpation de Vladimir Poutine a aussi renforcé le sentiment d’un double standard. Et jusqu’à l’émission des mandats contre les responsables israéliens, souligne Reed Brody, célèbre avocat américain et défenseur des droits humains, la justice internationale a été utilisée « presque exclusivement pour traiter des crimes commis par des ennemis vaincus, comme dans les tribunaux de Nuremberg et de Tokyo, des parias impuissants, surtout africains, ou des adversaires de l’Occident comme Vladimir Poutine ou Slobodan Milosevic ».
Au cours de ses vingt-deux ans d’existence, la CPI s’est rarement opposée aux intérêts occidentaux. Les enquêtes sur les crimes présumés de l’armée américaine en Afghanistan et sur les prisons secrètes de la CIA en Europe ont finalement été suspendues en 2021, comme celles visant des troupes britanniques en Irak pour des faits présumés de torture. Cette fois, les enquêtes du procureur sur la guerre à Gaza ont atteint l’étape des mandats d’arrêt.
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