Le mangaka Kazuo Umezu, à Musashino, Tokyo, le 25 avril 1995. THE ASAHI SHIMBUN VIA GETTY IMAGES Excentrique mangaka aux marinières rouges et blanches, Kazuo Umezu (également écrit Kazuo Umezz) est mort le 28 octobre à 88 ans, ont annoncé, mardi 5 novembre sur X, les collaborateurs de sa maison de production ainsi que NHK, la principale télévision publique
Excentrique mangaka aux marinières rouges et blanches, Kazuo Umezu (également écrit Kazuo Umezz) est mort le 28 octobre à 88 ans, ont annoncé, mardi 5 novembre sur X, les collaborateurs de sa maison de production ainsi que NHK, la principale télévision publique japonaise.
Né en septembre 1936 à Koya, dans la préfecture de Wakayama, le bédéiste japonais publie ses premiers récits avant ses 20 ans, en 1955, et décide tôt qu’il s’adonnera au manga d’épouvante en dépit de la tiédeur des éditeurs de l’époque. « L’horreur me stimulait car c’était justement un genre qui n’était absolument pas représenté et dont je sentais qu’il pouvait capter un public très jeune », confiait l’auteur au magazine spécialisé Atom en 2017, dans sa maison musée à Tokyo.
Si c’est sa mère qui lui a insufflé le goût du dessin, Kazuo Umezu tient son appétit pour le registre horrifique de son père maître d’école qui, alors qu’il était enfant dans la région de Nara, lui racontait des contes et légendes effrayants avant d’aller au lit. Un récit le marquera particulièrement : celui de la femme-serpent, qu’il considérait comme le point de départ de sa carrière de mangaka. Il la mettra en scène dans une trilogie à destination des jeunes filles, dans les années 1960 (La Femme-serpent, éditions Le lézard noir, 2017).
Pionnier et emblème des récits graphiques cauchemardesques japonais, Kazuo Umezu est notamment révéré pour sa série parue au début des années 1970, L’Ecole emportée (Glénat, 2004). Dans ce récit catastrophe initiatique, un établissement scolaire moderne est projeté dans un futur proche très sombre. « [Ses] mangas font intrinsèquement peur. Non parce qu’il cherche à effrayer ses lecteurs, mais plutôt parce que cet auteur continue de vivre en gardant ses peurs intactes », disait de lui le critique culturel Saburo Kawamoto, dans la postface de la réédition française de L’Ecole emportée, en 2021.
Dans sa bibliographie prolifique et extrêmement variée servie par un trait densément noir, l’auteur s’est également essayé avec talent à la science-fiction (Je suis Shingo, Le lézard noir, 2017) et a délecté les petits Japonais de ses facéties grotesques et parfois scatophiles interprétées par un garçonnet dans Makoto-chan (Le lézard noir, 2023), un de ses titres les plus populaires dans l’archipel.
Kazuo Umezu avait délaissé en 1995 la table à dessin mais continuait volontiers d’apparaître sur les plateaux de télé du pays. Icône pop chamarrée et souriante, il fut une source d’inspiration pour des mangakas comme Junji Ito mais aussi a contribué à façonner l’imaginaire « J-Horror » (« horreur japonaise ») dans les arts visuels contemporains.
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