La scène politique haïtienne est une fois de plus secouée par une crise interne, cette fois au sein du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP). Au cœur de cette tourmente se trouve Georges Fils Brignol, ministre de la Santé, qui a récemment fait l’objet d’une sévère réprimande de la part du Premier ministre Garry Conille. Le conflit porte sur les nominations et promotions effectuées en dehors du cadre légal, défiant ouvertement les directives gouvernementales émises pour assainir l’administration publique.
Ce bras de fer entre Brignol et Conille met en lumière un problème récurrent dans la sphère politique haïtienne : l’ingérence des parrains politiques. En effet, Brignol n’a pas été nommé à ce poste par hasard. Il semble qu’il ait été imposé par des figures influentes, telles que Gérald Gille, dont l’ombre plane sur de nombreuses décisions ministérielles. Cette dynamique de pouvoir crée une tension évidente entre le respect des règles administratives et les jeux d’influence politique, laissant le ministre de la Santé en mauvaise posture.
Sous la pression de ces parrains, Brignol a choisi de faire cavalier seul, ignorant les directives de la Circulaire No 001 du 25 juin 2024, qui visait à instaurer une transparence dans les nominations et promotions au sein de l’administration publique. Le Premier ministre a d’ailleurs rappelé dans sa lettre de blâme que ces manquements ne sont pas seulement un défi à son autorité, mais également une violation flagrante de la loi. En procédant ainsi, le ministre se met en opposition directe avec les efforts de redressement de l’État, au moment même où le gouvernement cherche à restaurer la confiance dans les institutions.
La réponse de Garry Conille ne s’est pas faite attendre. Dans des termes clairs et fermes, il a rappelé que toute action en dehors des règles établies n’engage pas l’État et expose ses auteurs à des sanctions, tant sur le plan administratif que pénal. Cette mise en garde sévère témoigne de la volonté du Premier ministre de maintenir un cap strict en matière de gestion publique, refusant de céder aux pressions politiques qui gangrènent les institutions.
Cependant, cette affaire soulève une question plus large : jusqu’à quand le ministre de la Santé pourra-t-il continuer à ignorer les directives gouvernementales ? Son comportement laisse penser qu’il ne suit plus la ligne directrice du gouvernement, mais plutôt celle dictée par ses alliés politiques. En refusant de se conformer aux mesures édictées par le Premier ministre, Brignol se positionne en rebelle au sein du cabinet ministériel, menaçant l’unité et la cohésion gouvernementale.
Le Premier ministre, dans sa lettre de blâme, a également souligné que la solidarité au sein du gouvernement est primordiale. Chaque membre doit faire preuve de discipline, de prudence et de responsabilité dans l’exercice de ses fonctions. Mais, quand un ministre impose des nominations irrégulières, sous l’influence de parrains politiques, il affaiblit non seulement son propre ministère, mais aussi l’ensemble du gouvernement. Ce type de comportement est un coup porté aux réformes indispensables à la modernisation de l’État haïtien.
La crise actuelle est donc révélatrice d’un mal plus profond : celui de l’influence néfaste des intérêts politiques particuliers sur les décisions publiques. Si le Premier ministre ne prend pas des mesures radicales pour rappeler à l’ordre ceux qui s’écartent de la ligne gouvernementale, le pays risque de sombrer encore plus profondément dans la désorganisation. Brignol, bien qu’il ait été porté par des appuis politiques puissants, ne peut continuer à défier les directives du chef du gouvernement sans en subir les conséquences.
L’avertissement de Garry Conille est clair : toute déviation entraînera des sanctions. Mais pour que cet avertissement soit pris au sérieux, il doit être suivi d’actions concrètes. Le temps des blâmes et des remontrances est révolu. Si le ministre de la Santé persiste dans son insubordination, des mesures plus drastiques devront être prises pour préserver l’autorité du Premier ministre et, surtout, l’intérêt général.
Cette situation met en lumière les dangers d’une administration trop influencée par des parrains politiques. La rigueur et la transparence doivent être les fondements de la gestion publique, et il incombe à Garry Conille de veiller à ce que ces principes soient respectés. La cohésion du gouvernement et la crédibilité des institutions en dépendent.