Le Rassemblement national lance sa « campagne permanente » sans masquer son amertume

Le Rassemblement national lance sa « campagne permanente » sans masquer son amertume

Marine Le Pen lors d’un meeting du Rassemblement National, à Nice, le 6 octobre 2024. MANON CRUZ / REUTERS Barbancourt le rhum des connaisseurs Le Rassemblement national (RN) n’est plus à un paradoxe près en cette rentrée. Béquille d’un gouvernement qu’il méprise, chantre de la « tolérance zéro » mais enlisé jusqu’en novembre dans un procès pour détournements

Marine Le Pen lors d’un meeting du Rassemblement National, à Nice, le 6 octobre 2024.

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Le Rassemblement national (RN) n’est plus à un paradoxe près en cette rentrée. Béquille d’un gouvernement qu’il méprise, chantre de la « tolérance zéro » mais enlisé jusqu’en novembre dans un procès pour détournements de fonds européens, voilà le parti d’extrême droite relançant à l’envi sa course aux législatives. Tout à son pari d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale à l’été 2025, la formation lepéniste a inauguré sa « campagne permanente », dimanche 6 octobre, lors d’un meeting à Nice, devant plus de 4 000 personnes. Avec Marine Le Pen et Jordan Bardella en têtes d’affiche mais en l’absence du local de l’étape, le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, pourtant allié du RN.

Comme si le scrutin des 30 juin et 7 juillet ne s’était pas tenu. Comme si le suivant était déjà programmé. Trois mois après, le RN rejoue à l’infini le match perdu. « Tout recommence et tout continue, ne donnons pas l’impression que la campagne s’essouffle ou ralentit », professait Jordan Bardella, quelques heures avant un meeting recyclant la scénographie et les clips des dernières élections. Seule nouveauté du jour, un slogan : « Jusqu’à la victoire ». Le président du RN reproche à la gauche de promettre « Cuba sans le soleil », mais il ne se prive pas de s’approprier la devise de Che Guevara (« Hasta la victoria »).

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Celui qui se voyait déjà premier ministre, il y a quelques mois, a donc commencé son discours comme il avait conclu celui de sa défaite, le 7 juillet : « On n’arrête pas un peuple qui s’est remis à espérer. » Prélude d’une demi-heure où « l’espoir » annoncé d’un hypothétique scrutin anticipé a cédé le pas à l’amertume laissée par le dernier. L’eurodéputé s’est attardé, encore, sur ces « circonstances de l’histoire » qui lui auraient barré l’accès à Matignon. Pas le simple choix des électeurs de faire « front républicain », à ses yeux, mais les « alliances contre nature » de la gauche à la droite. Ces « anathèmes », « combines » et autres « arrangements médiocres » que Marine Le Pen a longuement dépeints, elle aussi, avant lui. « Je ne vais pas revenir ici sur les atermoiements (…) de ces derniers mois », avait pourtant promis la députée du Pas-de-Calais, avant d’y consacrer une partie de son discours.

« Quelle viabilité peut avoir un tel gouvernement ? »

Si les spectateurs du jour avaient oublié le « programme de redressement » servi par le RN aux dernières législatives, son président a pris le temps de répéter les promesses déjà présentées à l’automne, sans le filtre des « commentateurs médiatiques ». Ceux qui s’étaient déplacés pour connaître son ambition des prochains mois ou le sort qu’il réserve à l’exécutif repartiront sans réponse. « Quelle viabilité peut avoir un tel gouvernement ?, s’est interrogé M. Bardella. C’est la question que tous les Français nous posent. » Il ne leur a pas répondu. « Aucune », a crié un militant, à rebours de la cordialité mutuelle affichée par Michel Barnier et Marine Le Pen mardi 1er octobre, lors de la déclaration de politique générale du nouveau premier ministre. Le RN, qui a le pouvoir de faire chuter ce dernier en s’associant à la gauche dans une motion de censure, est pour le moment décidé à lui « donner une chance ».

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