Le Sri Lanka donne une large majorité à son président marxiste

Le Sri Lanka donne une large majorité à son président marxiste

Le président sri-lankais, Anura Kumara Dissanayake, après son vote pour les élections législatives à Colombo, au Sri Lanka, le 14 novembre 2024. ISHARA S. KODIKARA / AFP Elu il y a moins de deux mois à la présidence du Sri Lanka sur une promesse de rupture, Anura Kumara Dissanayake a emporté une victoire écrasante aux

Le président sri-lankais, Anura Kumara Dissanayake, après son vote pour les élections législatives  à Colombo, au Sri Lanka, le 14 novembre 2024.

Elu il y a moins de deux mois à la présidence du Sri Lanka sur une promesse de rupture, Anura Kumara Dissanayake a emporté une victoire écrasante aux élections législatives, jeudi 14 novembre. L’ancien marxiste a rallié avec sa coalition de partis de gauche, le National People’s Power (NPP, Pouvoir populaire national), 61, 7 % des suffrages. Celle-ci a remporté 159 sièges sur 225, soit la majorité des deux tiers, ainsi que vingt et une des vingt-deux circonscriptions électorales. L’opposition était totalement fragmentée. Son principal concurrent, le Samagi Jana Balawegaya de Sajith Premadasa ne recueille que 17 % des voix.

Le président de 55 ans va avoir les coudées franches pour mener les grandes réformes sociales, fiscales politiques et institutionnelles qu’il a promises à une population épuisée par cinq années d’une crise abyssale. « Nous pensons que cette élection marquera un tournant pour le pays », a-t-il déclaré.

Anura Kumara Dissanayake, qui ne disposait que de trois sièges dans l’assemblée sortante, avait dissous le Parlement le lendemain de son entrée en fonctions, le 23 septembre. Il a fait le choix du renouveau, en présentant des candidats novices. La plupart de ses opposants, des vétérans, dont les anciens présidents Ranil Wickremesinghe, Gotabaya Rajapaksa et Mahinda Rajapaksa, avaient renoncé à concourir, comme près des deux tiers des députés sortants.

Lutter contre la corruption

Le pari n’était pas gagné d’avance pour Anura Kumara Dissanayake, élu à la tête du pays avec moins de 50 % des suffrages exprimés. Au terme d’une courte campagne, il a demandé aux électeurs de lui donner une large majorité parlementaire afin d’« établir un gouvernement fort qui éliminera les pots-de-vin et la corruption (…), de changer le système, nettoyer la Chambre et garantir que la loi s’applique de la même manière à tous, y compris aux hommes politiques ». Anura Kumara Dissanayake s’est fait le champion de la lutte contre la corruption qui mine l’île de 22 millions d’habitants depuis des décennies.

Pour modifier la Constitution et revenir au système parlementaire d’avant 1978, vœu de son parti et d’une grande partie de la population, le chef de l’Etat avait besoin de la majorité des deux tiers au Parlement.

Il réussit une percée spectaculaire dans le Nord, à Jaffna, enclave ethnique de la minorité tamoule hindoue où jamais un parti politique du Sud ne l’avait emporté. Dans cette région, ultramilitarisée, meurtrie par trente années de guerre civile entre les  Tigres de libération de l’Eelam tamoul, l’armée sri-lankaise et la majorité cinghalaise, M. Dissanayake a promis de rendre les terres occupées par les forces armées et de construire un pays où tous les citoyens se sentent égaux, indépendamment de leur appartenance ethnique et de leur religion. Des sujets sensibles, dans cet Etat insulaire qui a échoué à promouvoir la réconciliation et reste profondément divisé entre sa majorité cinghalaise, bouddhiste, et ses minorités hindoue, chrétienne et musulmane.

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Sophie Landrin
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