Les députés veulent taxer davantage les ultrariches

Les députés veulent taxer davantage les ultrariches

Antoine Armand, ministre de l’économie, des finances et de l’industrie, et Laurent Saint-Martin, ministre chargé du budget et des comptes publics, lors de la présentation du projet de loi de finances 2025, au ministère de l’économie, à Paris, le 10 octobre 2024. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE » Michel Barnier a été entendu, au-delà même de ce

Antoine Armand, ministre de l’économie, des finances et de l’industrie, et Laurent Saint-Martin, ministre chargé du budget et des comptes publics, lors de la présentation du projet de loi de finances 2025, au ministère de l’économie, à Paris, le 10 octobre 2024.

Michel Barnier a été entendu, au-delà même de ce qu’il espérait. A peine nommé, le premier ministre avait évoqué la possibilité d’une « plus grande justice fiscale » et d’un « effort de solidarité » auquel contribueraient « les plus riches ». Les députés qui examinent, depuis mercredi 16 octobre, le projet de budget pour 2025 l’ont pris au mot.

Jugeant trop timoré le texte sorti de Matignon, les membres de la commission des finances ont adopté, dès leurs premières heures de réunion, une série d’amendements musclant l’effort demandé aux plus aisés. Ils ont élargi la contribution sur les hauts revenus, augmenté la taxe sur les revenus du capital, renforcé la lutte contre l’exil fiscal des contribuables. Un mouvement d’autant plus marquant qu’il est mené en partie par des élus de droite dont ce n’est pas le marqueur politique habituel.

L’objectif immédiat est budgétaire. Face à un déficit public hors de contrôle et à une dette dont les intérêts coûtent de plus en plus cher, Michel Barnier et les ministres macronistes de Bercy ont brisé eux-mêmes le tabou des hausses d’impôts fixé par le président de la République, Emmanuel Macron. A environ 70 %, leur plan de redressement repose sur des impôts supplémentaires, selon le Haut Conseil des finances publiques et l’Observatoire français des conjonctures économiques.

Mais l’enjeu politique dépasse le court terme. Il s’agit surtout de freiner ou de stopper le creusement des inégalités des dernières décennies. Le tableau dévoilé, jeudi 17 octobre, par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) est spectaculaire. Entre 1998 et 2021, le patrimoine brut moyen des 10 % de Français les moins bien dotés a chuté de 54 % en euros constants. Celui des 10 % les mieux dotés a bondi de 94 % dans le même temps. Dit autrement, les pauvres sont devenus encore plus pauvres. Et les riches beaucoup plus riches, surtout grâce à la double hausse des prix de l’immobilier et de la Bourse, qui a accru d’autant la valeur de leur patrimoine.

Limiter le recours aux avantages fiscaux

« L’explosion des inégalités au cours des dernières décennies est une bombe au cœur de nos sociétés », s’est alarmé, jeudi, Matthieu Pigasse, banquier d’affaires chez Centerview Partners et membre du conseil de surveillance du Groupe Le Monde, lors d’une rencontre avec la presse. Sa lecture d’Une histoire des inégalités, de Walter Scheidel (Actes Sud, 2021), l’a marqué. Selon l’historien autrichien, l’accroissement des inégalités finit toujours par déboucher sur un choc : guerre, révolution, effondrement de l’Etat… « On a atteint ce moment où les inégalités atteignent un niveau insupportable », juge le banquier. A ses yeux, c’est notamment pour conjurer un tel choc que « les plus riches doivent participer à l’effort national ».

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Denis Cosnard
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