Londres, Berlin et Paris demandent la libération du pétrolier britannique « confisqué » par l’Iran dans le golfe Persique

L’Iran a annoncé, samedi 20 juillet, l’ouverture d’une enquête après avoir « confisqué », vendredi, un pétrolier battant pavillon britannique dans le détroit d’Ormuz pour « non respect du code maritime international ». Le Stena Impero, tanker de 183 mètres de long, est désormais ancré au port de Bandar Abbas, dans le sud du pays, ont annoncé les autorités portuaires.

L’Iran a annoncé, samedi 20 juillet, l’ouverture d’une enquête après avoir « confisqué », vendredi, un pétrolier battant pavillon britannique dans le détroit d’Ormuz pour « non respect du code maritime international ». Le Stena Impero, tanker de 183 mètres de long, est désormais ancré au port de Bandar Abbas, dans le sud du pays, ont annoncé les autorités portuaires.

Les gardiens de la révolution ont déclaré, samedi, avoir arraisonné le tanker après une collision avec un bateau de pêche. Le directeur général de l’organisation portuaire et maritime de la province de Hormozgan a affirmé que « conformément à la loi, après un accident il est nécessaire d’enquêter sur les causes ». Les vingt-trois membres d’équipage du Stena Impero sont tous à bord et « en bonne santé », selon Stena Bulk, le propriétaire suédois du pétrolier. Dix-huit d’entre eux, dont le capitaine, sont de nationalité indienne et les cinq autres sont de nationalité philippine, lettone ou russe.

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« C’est œil pour œil, dent pour dent »

Cette saisie est survenue quelques heures après la décision de la Cour suprême de Gibraltar de prolonger de 30 jours la détention d’un pétrolier iranien arraisonné le 4 juillet par les autorités de ce territoire britannique, et soupçonné de vouloir livrer du brut à la Syrie en violation des sanctions européennes contre Damas. L’Iran a nié cette accusation et dit qu’il riposterait à cet acte de « piraterie ».

Pour le chef de la diplomatie britannique, Jeremy Hunt, la saisie du Stena Impero est ainsi une mesure de représailles à celle du Grace 1. « C’est œil pour œil, dent pour dent », a-t-il déclaré, assurant que les situations des deux pétroliers n’avaient rien à voir. « Le Grace 1 a été (saisi) légalement dans les eaux de Gibraltar (…) en violation des sanctions de l’UE. (…) Le Stena Impero a été saisi dans les eaux omanaises en violation flagrante du droit international ».

« Contrairement à la piraterie dans le détroit de Gibraltar, notre action dans le Golfe persique est de faire respecter les lois maritimes internationales », a affirmé pour sa part sur Twitter le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, pour défendre l’arraisonnement du tanker battant pavillon britannique. « La Grande-Bretagne doit cesser d’être un auxiliaire du terrorisme économique des Etats-Unis », a ajouté M. Zarif, en allusion aux sanctions économiques rétablies par Washington après son retrait unilatéral de l’accord nucléaire en 2018.

Les Gardiens de la Révolution ont diffusé une vidéo censée montrer l’arraisonnement du Stena Impero : sur ces images, le navire est cerné par plusieurs vedettes, tandis que des hommes en tenue militaire, encagoulés, descendent en rappel sur le pétrolier.

Londres recommande à ses navires d’éviter la zone

Le Royaume-Uni a officiellement recommandé, samedi, aux navires britanniques de rester « en dehors de la zone » du détroit d’Ormuz pour une « période provisoire ». Le chargé d’affaires iranien à Londres a par ailleurs été, samedi, convoqué au ministère des affaires étrangères.

Un porte-parole du gouvernement britannique s’est dit « profondément préoccupé par les actions inacceptables de l’Iran, qui constituent un défi évident à la liberté de navigation internationale. Nous avons conseillé aux navires britanniques de rester en dehors de la zone pour une période provisoire ».

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En France, le ministère des affaires étrangères a également fait part de sa « grande préoccupation » face à cette situation : « Nous appelons les autorités iraniennes à libérer dans les meilleurs délais le bâtiment et son équipage, et à respecter les principes de liberté de navigation dans le Golf. » Un appel également émis par l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) qui « soutient tous les efforts diplomatiques pour résoudre cette situation ».

« Nous exigeons de l’Iran la libération sans délai » du navire britannique et de son équipage, a pareillement déclaré le ministère allemand des affaires étrangères dans un communiqué, jugeant l’intervention iranienne « injustifiable ». « Une nouvelle escalade serait très dangereuse pour la région », a averti le cabinet d’Heiko Maas. « Elle saperait tous les efforts en cours pour trouver une solution à la crise actuelle » entre les Etats-Unis et l’Iran.

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Des soldats américains en Arabie saoudite

Les Etats-Unis ont dénoncé la « surenchère de violence » de l’Iran. Donald Trump a assuré que les Etats-Unis avaient été « informés » des événements dans le Golfe et qu’ils « échangeront » et « travailleront avec le Royaume-Uni » à ce sujet. L’incident intervient, autre signe des tensions, après vingt-quatre heures de polémiques avec Washington à propos d’un drone iranien que les Américains disent avoir abattu – affirmation rapidement démentie par l’Iran, qui assure n’avoir perdu aucun drone.

Peu après, l’Arabie saoudite a annoncé que des forces armées américaines allaient prendre position sur son sol « afin d’accroître le niveau mutuel de coopération pour défendre la sécurité de la région et sa stabilité, et garantir la paix », a précisé un porte-parole du ministère saoudien de la défense, cité par l’agence d’Etat SPA. Riyad n’avait plus hébergé de soldats américains depuis 2003 et le retrait de ces derniers à la fin de la guerre contre l’Irak

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A Caracas, Javad Zarif dénonce l’« unilatéralisme » et le « terrorisme économique » des Etats-Unis

Le président vénézuélien Nicolas Maduro et le ministre iranien Javad Zarif , au palais de Miraflores à Caracas, le samedi 20 juillet.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro et le ministre iranien Javad Zarif , au palais de Miraflores à Caracas, le samedi 20 juillet. HANDOUT / REUTERS

Lors d’une réunion ministérielle du Mouvement des non-alignés à Caracas (Venezuela), le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a dénoncé samedi 20 juillet l’« aventurisme unilatéral extrême » de l’administration de Donald Trump qui « sape l’Etat de droit au plan international ». « Mon pays (…) est à l’avant-poste de la résistance aux nouvelles tendances unilatérales des Etats-Unis », a-t-il ajouté dans son discours, lors de cette réunion ministérielle.

« Le gouvernement américain, pour atteindre ses objectifs illégitimes, a recours à une forme de pression que nous appelons terrorisme économique », a ajouté M. Zarif à la presse, selon la traduction simultanée officielle, en marge de la réunion. Selon lui, Cuba, la Syrie, le Venezuela et l’Iran « souffrent » de ce « terrorisme économique » mis notamment en place au moyen de sanctions. Washington a ainsi rétabli ses sanctions à l’encontre de Téhéran après son retrait unilatéral de l’accord nucléaire en 2018.

Au cours de ces deux interventions, M. Zarif n’a pas évoqué le pétrolier battant pavillon britannique arraisonné par l’Iran dans le détroit d’Ormuz.

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