L’ONU accuse Israël d’avoir délibérément détruit le système de santé de la bande de Gaza

L’ONU accuse Israël d’avoir délibérément détruit le système de santé de la bande de Gaza

Les destructions après une offensive aérienne et terrestre israélienne sur la bande de Gaza, près de l’hôpital Al-Shifa, dans la ville de Gaza, le lundi 1er avril 2024. MOHAMMED HAJJAR/AP Après plus d’un an de guerre, le secteur de la santé à Gaza est en lambeaux. Sa destruction est le résultat d’une politique délibérée d’Israël,

Les destructions après une offensive aérienne et terrestre israélienne sur la bande de Gaza, près de l’hôpital Al-Shifa, dans la ville de Gaza, le lundi 1er avril 2024.

Après plus d’un an de guerre, le secteur de la santé à Gaza est en lambeaux. Sa destruction est le résultat d’une politique délibérée d’Israël, a accusé, jeudi 10 octobre, la commission internationale indépendante des Nations unies chargée d’enquêter dans les territoires palestiniens occupés. Selon elle, les attaques contre le personnel et les infrastructures médicales, ainsi que le siège renforcé imposé à l’enclave palestinienne, répondent à une « punition collective » infligée aux Palestiniens de Gaza.

« Les attaques contre les établissements médicaux sont un élément intrinsèque de l’assaut plus large des forces de sécurité israéliennes contre les Palestiniens de Gaza et [contre] l’infrastructure physique et démographique de Gaza, ainsi que des efforts pour étendre l’occupation », affirme dans un rapport la commission, dirigée par la juriste sud-africaine Navi Pillay, et composée de deux autres experts, l’un Indien, l’autre Australien. « Les forces de sécurité israélienne ont délibérément tué, blessé, arrêté, détenu, maltraité et torturé le personnel médical et visé les véhicules médicaux », écrivent-ils, estimant que de tels actes sont assimilables à des « crimes de guerre » et des « crimes contre l’humanité. »

Le rapport présenté jeudi, d’une vingtaine de pages, couvre la période allant d’octobre 2023 – le lancement de l’offensive israélienne à Gaza en représailles à l’attaque sanglante du Hamas contre l’Etat hébreu – jusqu’à août 2024. Il conteste, à plusieurs reprises, le récit israélien qui justifie l’action de l’armée par la présence de combattants palestiniens dans ces structures de santé, affirmant ne pas en avoir « trouvé la preuve ». C’est notamment le cas pour le ciblage, en novembre, des départements de maternité et de soins intensifs de l’hôpital Al-Shifa, celui de l’hôpital turc le même mois, situé dans le centre du territoire, ainsi que celui de l’hôpital Al-Awda, dans le Nord, en novembre-janvier. Concernant les combats qui se sont déroulés aux abords de l’hôpital Al-Shifa, en mars, « malgré la présence de milliers de civils », la commission accuse les deux parties d’avoir violé le droit humanitaire international

Le Hamas visé aussi

Les enquêteurs ont mené leur travail à distance. Les autorités israéliennes n’ont pas répondu à leurs requêtes, au contraire de responsables palestiniens et du ministère de la santé à Gaza, sous l’autorité du Hamas.

Le rapport, qui ne se limite pas au secteur de santé gazaoui, dénonce aussi une politique d’« abus systématiques » (torture, humiliation, violence sexuelle, arrestations de masse, y compris de mineurs) à l’encontre des Palestiniens détenus en Israël, et le discours de « légitimation de la vengeance et de la violence » des responsables israéliens dont plusieurs ministres du gouvernement de Benyamin Nétanyahou. Son travail n’épargne pas le Hamas et ses alliés palestiniens à Gaza : ils sont eux aussi accusés de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité » à l’égard des otages retenus à Gaza – torture, mauvais traitements, viols ou violence sexuelle.

Il vous reste 35.87% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Laure Stephan
SUBSCRIBER
PROFILE

Laisser un commentaire

Votre adresse électronique ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'un *