Madeleine Riffaud, héroïne de la Résistance, est morte

Madeleine Riffaud, héroïne de la Résistance, est morte

La poétesse, résistante et journaliste, Madeleine Riffaud, à son domicile parisien, le 18 juin 2024. JOEL SAGET / AFP Elle avait 18 ans en 1942. Engagée dans la Résistance au sein d’un groupe de Francs-tireurs et partisans (FTP), son nom était Rainer. Madeleine Riffaud est morte le mercredi 6 novembre au matin, dans son appartement parisien, à l’âge de

La poétesse, résistante et journaliste, Madeleine Riffaud, à son domicile parisien, le 18 juin 2024.

Elle avait 18 ans en 1942. Engagée dans la Résistance au sein d’un groupe de Francs-tireurs et partisans (FTP), son nom était Rainer. Madeleine Riffaud est morte le mercredi 6 novembre au matin, dans son appartement parisien, à l’âge de 100 ans, a appris Le Monde auprès de son entourage, confirmant une information de L’Humanité. Avant d’être une journaliste, correspondante de guerre au Vietnam et en Algérie et une poétesse reconnue, elle fut une figure emblématique de la résistance à l’occupant nazi.

Elle était née le 23 août 1924 à Arvillers (Somme). Fille d’enseignants, elle a grandi sur les terres de Picardie, encore marquées par les horreurs de la première guerre mondiale. « Un véritable cimetière », disait-elle. Devenue étudiante à Paris après la débâcle, la jeune fille écrit des poèmes et s’engage dans la Résistance. Membre du groupe de combat des facultés, l’agent de liaison Rainer – alias qu’elle s’était choisi en référence au poète allemand Rainer Maria Rilke – passe au combat armé en 1943. Citée à l’ordre de l’armée par de Gaulle et croix de guerre avec palmes à la Libération, la jeune Madeleine s’est souvent portée volontaire pour les actions les plus radicales et les plus périlleuses.

Torturée par la Gestapo

Quoiqu’elle s’en défende, Madeleine Riffaud était une héroïne. En 1942, lors d’un séjour dans un sanatorium non loin de Grenoble, elle rencontre la Résistance. Elle se remet d’une tuberculose dans cet établissement érigé en plein cœur du massif de la Chartreuse, dirigé par le docteur Daniel Douady. « Un type formidable, affirmait-elle, qui allait chez Pétain pour nourrir ses malades et abritait une imprimerie clandestine au service de la Résistance dans les sous-sols de sa clinique. » En 1944, dans les semaines qui suivent le massacre d’Oradour-sur-Glane perpétré le 10 juin par la division Das Reich, l’état-major de la Résistance FTP lance le mot d’ordre, « chacun son boche ». Le 23 juillet, un beau dimanche d’été, Madeleine tue sur un pont de la Seine – la passerelle Solférino – et en plein jour un sous-officier allemand. A bout portant. Deux balles dans la tête. « Ne pensez pas que c’était quelque chose de drôle. Ni quelque chose de haineux. Comme aurait dit Paul Eluard, j’avais pris les armes de la douleur (…) Il est tombé comme un sac de blé », écrira-t-elle par la suite.

Prise en quasi-flagrant délit par un chef de la milice qui se trouvait à proximité, elle est livrée à la Gestapo qui l’enferme rue des Saussaies. Là, pendant trois semaines, soumise à la question pour donner les noms des membres de son groupe, elle est torturée mais elle ne parle pas. Condamnée à mort, elle est incarcérée à la prison de Fresnes (Val-de-Marne), mais au dernier moment elle échappe à son exécution. Les SS veulent la confronter à un policier français qui, quelques semaines auparavant, a été attaqué dans le bois de Vincennes où il s’est fait dérober son arme de service. Celle-là même qui a été utilisée le 23 juillet sur la passerelle Solférino pour tuer le sous-officier allemand.

Il vous reste 73.14% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Yves Bordenave
SUBSCRIBER
PROFILE

Laisser un commentaire

Votre adresse électronique ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'un *