Michel Barnier défend un tiers de hausse des impôts, deux tiers de baisse des dépenses pour freiner le dérapage budgétaire

Michel Barnier défend un tiers de hausse des impôts, deux tiers de baisse des dépenses pour freiner le dérapage budgétaire

Le ministère de l’économie, des finances et de l’industrie, à Paris, le 30 septembre 2024. ABDUL SABOOR / REUTERS Barbancourt le rhum des connaisseurs Il fallait bien admettre officiellement la réalité un jour ou l’autre. Michel Barnier s’en est chargé, mardi 1er octobre, dans sa déclaration de politique générale : l’engagement cardinal pris par la France de ramener son

Le ministère de l’économie, des finances et de l’industrie, à Paris, le 30 septembre 2024.

Barbancourt

le rhum des connaisseurs

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Il fallait bien admettre officiellement la réalité un jour ou l’autre. Michel Barnier s’en est chargé, mardi 1er octobre, dans sa déclaration de politique générale : l’engagement cardinal pris par la France de ramener son déficit public à moins de 3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2027 ne sera pas tenu. L’horizon est décalé de deux ans. « Notre objectif est de remettre notre pays sur la bonne trajectoire pour revenir sous le plafond de 3 % en 2029 », a déclaré le premier ministre devant les députés. Pour y parvenir, il prévoit une forte baisse des dépenses publiques, mais aussi des « contributions exceptionnelles » visant « les plus fortunés » et les grands groupes. Une nette inflexion dans la politique économique menée depuis sept ans.

En l’écoutant, les oreilles d’Emmanuel Macron et de Bruno Le Maire ont dû siffler. Lors de ses adieux à Bercy, le 12 septembre, l’ancien ministre de l’économie avait exhorté le futur gouvernement à ne surtout pas abandonner l’objectif des 3 % en 2027 martelé par le président de la République. « C’est tout à fait à notre portée », assurait-il. Michel Barnier ne l’a pas suivi. Comme la quasi-totalité des économistes et des experts, le nouveau locataire de Matignon a jugé politiquement et socialement impossible de réduire le déficit de façon aussi brutale, compte tenu du dérapage actuel des comptes publics.

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Tout en évitant les attaques directes, le premier ministre n’a pas caché l’ampleur du désastre laissé par le gouvernement précédent. Le déficit de l’Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale ? Loin de baisser comme prévu, il devrait cette année « dépasser 6 % » du PIB, et « serait encore supérieur » en 2025 « si rien n’était fait ». La dette rendue nécessaire pour couvrir ce déficit ? « Colossale », a lâché Michel Barnier. S’élevant à 3 228 milliards d’euros à fin juin, elle « placera notre pays au bord du précipice », du moins « si l’on n’y prend garde ».

90 milliards d’euros à trouver

« La véritable épée de Damoclès est là, sur la tête de la France et de tous les Français », a-t-il insisté, en soulignant combien « ces chiffres n’ont rien à voir avec les prévisions de début d’année, ni avec la trajectoire promise à nos partenaires ». Cette dérive « affaiblit » la position de la France en Europe, et entrave l’action de l’Etat, a-t-il noté : la charge de la dette constitue déjà le deuxième budget de l’Etat, derrière l’éducation, et risque de s’alourdir encore.

Pour la suite, le calcul est assez simple sur le papier : ramener le déficit de plus de 6 % à 3 % du PIB nécessite de trouver au moins 90 milliards d’euros hors inflation, en réduisant les dépenses ou en augmentant les recettes. Ou en faisant les deux en même temps. Michel Barnier souhaite qu’une partie sensible de ce plan soit réalisée dès 2025, en ramenant le déficit public à 5 % du PIB. C’est moins ambitieux que la cible de 4,1 % du PIB visée jusqu’à présent pour 2025. Cela représente néanmoins un ajustement de l’ordre de 30 milliards d’euros en un an, 35 milliards peut-être si le déficit grimpe à 6,2 % ou 6,3 % du PIB en 2024 comme certains le redoutent.

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Denis Cosnard
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