Le silence du pouvoir face à la montée de l’insécurité prend une tournure tragique dans le Centre d’Haïti, où Mirebalais et Saut-d’Eau sont aujourd’hui tombées entre les mains de puissants groupes armés. Dans un rapport publié le 10 avril 2025, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) tire la sonnette d’alarme, dénonçant l’inaction criante des autorités de transition.
L’offensive débute dans la nuit du 30 au 31 mars. Deux redoutables coalitions criminelles, les 400 Mawozo et les Talibans de Canaan, déferlent sur Mirebalais, semant le chaos. Ils incendient maisons, véhicules et bâtiments publics, libèrent 532 détenus de la prison civile et exécutent froidement l’unique prisonnier resté sur place. Le commissariat est pris d’assaut. La ville vacille.
Saut-d’Eau subira le même sort quelques jours plus tard. L’insuffisance de renforts rend la riposte dérisoire. Le bilan humain est lourd : 23 civils tués ou portés disparus, une soixantaine de bandits abattus, des journalistes pris pour cibles, des infrastructures en ruines. Deux figures de la presse, Jean Christophe Collègue et Roger Claudy Israel, sont portées disparues. Le tissu social s’effondre.
Le RNDDH déplore l’absence de plan sécuritaire cohérent et critique l’inefficacité du décret d’état d’urgence renouvelé le 7 avril. L’organisation exige une réaction immédiate : renforcement des effectifs policiers, aide aux victimes, transparence budgétaire et poursuites judiciaires contre les responsables.
Aujourd’hui, Mirebalais et Saut-d’Eau ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Désertées, barricadées, asphyxiées par la peur, elles incarnent le désengagement d’un État dépassé, pendant que les bandes armées poursuivent leur expansion.
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