Mort d’Amadou Mahtar M’bow, ancien secrétaire général de l’Unesco

Mort d’Amadou Mahtar M’bow, ancien secrétaire général de l’Unesco

Amadou Mahtar MBow, directeur général de l’Unesco, lors d’une réunion à Paris, le 20 octobre 1987. GEORGES MERILLON / GAMMA-RAPHO VIA GETTY IMAGES Barbancourt le rhum des connaisseurs Par son érudition et sa traversée d’un siècle, Amadou Mahtar M’bow était l’une des bibliothèques vivantes les plus riches d’Afrique de l’Ouest. Il est mort, mardi 24 septembre,

Amadou Mahtar MBow, directeur général de l’Unesco, lors d’une réunion à Paris, le 20 octobre 1987.

Barbancourt

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Par son érudition et sa traversée d’un siècle, Amadou Mahtar M’bow était l’une des bibliothèques vivantes les plus riches d’Afrique de l’Ouest. Il est mort, mardi 24 septembre, à Dakar, là où il était né cent trois ans plus tôt. Ardent défenseur des libertés, Amadou Mahtar Mbow a eu mille vies qui ont notamment fait de lui le premier Africain directeur général de l’Unesco.

Né en mars 1921, Amadou Mahtar M’bow grandit à Louga, dans le nord-ouest du Sénégal. A la fin des années 1920, la région est frappée par la famine. Le gamin voit des gens mourir et ces images le marqueront à vie. « Il faut avoir vécu cela pour en comprendre l’angoisse », disait-il. La seconde guerre mondiale éclate, il a 18 ans.

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Amadou Mahtar M’bow s’engage en tant que volontaire dans l’armée de l’air et intègre l’Ecole des radiotélégraphistes de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Dans la ville encerclée, il parvient régulièrement à franchir la ligne de démarcation. Il est démobilisé en 1940 et retourne au Sénégal, où il travaille au service économique de la circonscription de Dakar et dépendances. La guerre devient mondiale et, en janvier 1943, Amadou Mahtar M’bow est rappelé sous les drapeaux puis affecté à la base aérienne de Thiès, près de Dakar. De là, il réussit le concours d’entrée à l’Ecole supérieure de tir aérien d’Agadir qui lui permet de servir, jusqu’en octobre 1945, au Maroc puis en France.

Désaccords avec Senghor

Grâce notamment à ses tirailleurs, à ses goumiers et à ses spahis lors du débarquement de Provence, auquel Amadou Mahtar M’bow participe, la France est libérée. Le jeune homme décide de rester dans un Paris bouillonnant où les désirs d’indépendance se renforcent chez les étudiants africains. « Un jour, la gendarmerie est venue me signifier que je devais rentrer au Sénégal pour être démobilisé, déclarait-il dans Amadou Mahtar M’bow. Une vie, des combats (Editions Vives Voix, 2019). Je leur ai répondu : pour faire la guerre, je suis français et pour étudier, je ne le suis plus. Allez-vous faire voir ! » Il passe son baccalauréat et entre à la Sorbonne, où il s’inscrit en histoire et géographie.

Dans l’effervescence intellectuelle du Quartier latin, Amadou Mahtar M’bow s’engage dans le syndicalisme étudiant et milite pour une indépendance immédiate des colonies. Il rentre au Sénégal pour mener la lutte, s’intéresse à l’éducation, matière essentielle selon lui pour former les élites de demain. Il va consacrer quinze années de sa vie à l’enseignement.

En parallèle, il fait de la politique. Le 20 août 1960, lorsque le Sénégal proclame son indépendance, Leopold Sedar Senghor devient président de la République. Après un temps dans l’opposition, Amadou Mahtar M’bow est nommé ministre de l’éducation nationale (1966-1968) puis de la culture et de la jeunesse (1968-1970) et enfin député.

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Pierre Lepidi
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