Omer Bartov, historien : « Israël va-t-il enfin comprendre que son pouvoir a des limites ? »

Omer Bartov, historien : « Israël va-t-il enfin comprendre que son pouvoir a des limites ? »

Barbancourt le rhum des connaisseurs Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, martèle qu’il poursuivra la guerre à Gaza tant qu’Israël n’aura pas remporté de « victoire totale ». Il se refuse cependant, obstinément, à exposer les objectifs politiques de ce conflit. Faut-il en déduire qu’Israël fait la guerre sans stratégie claire ? Si cette guerre n’est pas la

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Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, martèle qu’il poursuivra la guerre à Gaza tant qu’Israël n’aura pas remporté de « victoire totale ». Il se refuse cependant, obstinément, à exposer les objectifs politiques de ce conflit. Faut-il en déduire qu’Israël fait la guerre sans stratégie claire ? Si cette guerre n’est pas la continuation de la politique par d’autres moyens, s’agit-il d’une guerre pour la guerre, d’une guerre absolue, d’une guerre d’anéantissement ? Ou bien Nétanyahou dissimule-t-il ses objectifs politiques pour ne pas torpiller l’argument selon lequel sa guerre est une guerre de défense légitime ?

Selon maints observateurs, si Nétanyahou s’oppose à un accord sur un cessez-le-feu et à l’échange des otages contre des prisonniers palestiniens, c’est parce qu’il redoute que les ministres d’extrême droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, hérauts de l’occupation militaire et de la colonisation de la bande de Gaza, ne renversent son gouvernement. Une chute du gouvernement pourrait signifier la création d’une commission d’enquête sur la tragédie du 7-Octobre et la reprise du procès de Nétanyahou pour corruption. Avec pour conséquence que sa carrière politique pourrait prendre fin plus tôt que prévu et qu’il pourrait lui-même se retrouver derrière les barreaux. D’où sa volonté inébranlable de poursuivre la guerre à Gaza et l’offensive au Liban, à tout le moins jusqu’aux élections américaines du 5 novembre – dans l’espoir que Donald Trump soit réélu et qu’il tire pour lui les marrons du feu –, voire jusqu’aux prochaines élections israéliennes, programmées en octobre 2026.

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Ces enjeux immédiats ne doivent pas masquer le fait que Nétanyahou poursuit une stratégie à long terme, la même que celle menée depuis le début de sa longue carrière politique. Une stratégie qui, malgré quelques différences cruciales, a beaucoup en commun avec les politiques sionistes d’avant la création de l’Etat hébreu. Et qui est à l’origine de la crise actuelle. Ce n’est donc qu’en la remplaçant par un nouveau modèle politique que l’on peut espérer en finir avec cette « guerre de cent ans » qui oppose Israël aux Palestiniens et à leurs alliés.

Dogmatisme idéologique et fanatisme religieux

Au cœur de la vision du monde de Nétanyahou se trouve ainsi la conviction que la totalité d’Eretz Israel, la « terre d’Israël », qui couvre au moins les territoires compris entre le fleuve Jourdain et la mer Méditerranée, appartient aux juifs ; que la mission de l’Etat est de concrétiser leur droit historique et moral sur cette terre par un processus de colonisation continue, en tirant parti de toutes les occasions politiques et militaires qui se présentent ; que la population palestinienne vivant sur ce territoire doit se plier à l’hégémonie israélo-juive ou, lorsque c’est possible, sous la pression ou la contrainte, partir.

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Omer Bartov
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