L’essor du populisme, la tyrannie des réseaux sociaux continuent d’aveugler, au lendemain du 7 février 2021, les analystes et commentateurs sur les défis auxquels est confrontée la classe politique haïtienne, sans repères ni boussole.
On peut être en désaccord avec le Président Jovenel Moïse sur certains des dossiers qu’il eut à connaître durant les 4 années de son mandat, et reconnaître, sans complaisance aucune pour les chimères du politiquement correct, qu’il demeure l’un des plus redoutables dirigeants que le pays a connus depuis son indépendance.
Haïti est frappée depuis quelques années par une vague populiste. Ce mouvement puissant, qui concerne avant tout notre démocratie, et en premier lieu, les classes moyenne et populaire qui ont cessé de croire au discours dominant, est le sous-produit d’une défaillance interne.
Les activistes de la démocratie directe considèrent que la démocratie représentative à l’ancienne – on élit un dirigeant, on le laisse travailler, on le juge à l’issue de son mandat – est périmée. Il y a aujourd’hui une exigence furieuse, impatiente, vengeresse de contrôle permanent, de transparence absolue et immédiate, de réaction instantanée, que les réseaux sociaux et l’information continue transforment en feux de cheminée.
Il est devenu extrêmement difficile de gouverner dans ces conditions, a fortiori de réformer. Cette situation est due à l’individualisme de masse et aux conditions de vie moderne.
Le bilan du président Moïse n’est pas entièrement négatif. En outre, je ne pense pas que sa présidence soit une parenthèse. Je la vois comme l’expression d’un spasme haïtien, en réaction à ce que je considère comme le fait historique majeur de ces trente dernières années : la perte, par les détenteurs de capitaux, de leur monopole dans la conduite des affaires du pays. Ils ne savent pas comment s’adapter à cette perte de monopole. L’idée d’un leadership seulement relatif leur est insupportable.
Jovenel Moïse y est indifférent, ce qui provoque un effet de sidération, en tétanise certains, en désinhibe d’autres. Pour lui, l’Etat doit être géré autrement. Et là, ont commencé ses problèmes.
Tout est devenu instable. Une instabilité et une imprévisibilité compliquées à gérer pour les dirigeants, et entrainant la population dans une confusion totale quand elle assiste à la déchéance de nos élites du Judiciaire, de la classe politique, de la société civile, de la presse, et de corps constitués de notre société.
Tel un roseau, et rempli de sa mission divine, le Président Moïse n’a pas d’autre choix que de poursuivre, ici et maintenant, les réformes qui s’imposent pour améliorer la gouvernance sur les plans politique, économique et social, lutter plus efficacement contre la corruption et amener les Haïtiens à aimer et à être fiers de leur pays.
Aujourd’hui plus que jamais, des rencontres avec les compatriotes de l’intérieur et de l’extérieur, avec les forces vives, avec les femmes, les jeunes, les productrices et producteurs du pays, les opérateurs économiques et les acteurs de l’économie informelle doivent se tenir et permettre de prendre toute la mesure des nombreuses attentes formulées çà et là.
Ensemble dans un dialogue fécond et respectueux, nous pouvons trouver les réponses et solutions appropriées pour l’amélioration des conditions de vie de la population, en ayant pleinement conscience des moyens dont nous disposons.
Les priorités sont connues. C’est le prix que nous devons payer pour réhabiliter le politique et les politiques. C’est aussi à ce prix que nous pourrons mobiliser tous les Haïtiens autour de leurs intérêts que nous devons servir, défendre et promouvoir.
Après le chaos frôlé, face à la vague d’incertitudes qui ont jalonné les débats, complots, mobilisations autour d’une imaginaire fin de mandat, 2021 doit être une année chargée d’espoir pour Haïti. Nul ne sait de quoi l’après 7 février 2021 serait fait. Heureusement que les dieux tutélaires veillent sur la Nation.
Nous sommes aujourd’hui le mardi 9 février 2021. Le ciel est bleu. Le soleil luit à l’horizon. La vie normale reprend son cours. Le peuple se fout pas mal de celles et ceux qui lui font du mal. Il a envie de vivre. Et au Palais National, c’est Jovenel Moïse qui tient la barre. Ferme et déterminé. Jusqu’au 7 février 2022.
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